vidéo"Don't Say Gay" : le discours percutant et malin d'un lycéen contre la loi LGBTphobe

Par Gabriel Moullec le 25/05/2022
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Contraint par la direction de son école à ne pas prononcer le mot "gay" lors de son discours de fin d'année, ce lycéen de Floride a concocté un brillant tour de passe-passe pour dénoncer quand même la loi homophobe en passe d'être appliquée dans son État.

"Don't Say Gay". À compter du 1er juillet prochain, la loi LGBTphobe récemment adoptée en Floride (sud-est des États-Unis) sous l'impulsion de son gouverneur du Parti républicain Ron De Santis, interdira d'aborder les questions d'orientation sexuelle et d'identité de genre au sein des établissements scolaires. Théoriquement, Zander Moricz pouvait donc encore prononcer le mot tabou dans le discours dont il avait été chargé pour la cérémonie de remise des diplômes de son lycée, ce dimanche 22 mai. Mais la direction de l'école a fait du zèle, lui enjoignant de ne pas utiliser le mot "gay" sous peine de se faire couper le micro. Le jeune homme de 18 ans ne s'est pas démonté, réussissant à critiquer la loi sans dévier de cette consigne, dans un discours poignant teinté d'humour, dont a fait état le Washington Post.

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Il faut dire qu'en tant que premier président de classe ouvertement gay de son lycée de Pine View, à Osprey, Zander n'avait pas l'intention de se laisser réduire au silence. Ce jeune militant pour les droits LGBTQI+ est déjà bien connu de son établissement pour y avoir notamment organisé une grève "Say Gay" pour protester contre la loi en question. Quinze jours avant son discours, il a partagé sur Twitter son désarroi face à la censure de son école, récoltant un soutien massif.

Dire gay sans le dire

Le jeune homme a finalement eu une idée brillante : utiliser ses cheveux bouclés comme métaphore de son homosexualité. Parvenu à mi-chemin de son discours, il annonce : "Je dois vous parler d'une partie très publique de mon identité. Cette caractéristique est probablement la première chose à laquelle vous pensez à mon sujet…" Retirant alors son chapeau de diplômé, il se passe la main dans la tignasse avant de reprendre : "Comme vous le savez… j'ai les cheveux bouclés". L'assistance rit et applaudit, elle a compris l'astuce.

"Les dégâts quotidiens à essayer de me réparer sont devenus trop importants."

"Avant, reprend le garçon, je détestais mes boucles. J'ai passé des matinées et des nuits gênées par elles, essayant désespérément de redresser cette partie de qui je suis. Mais les dégâts quotidiens à essayer de me réparer sont devenus trop importants." Zander évoque ensuite les autres jeunes qui comme lui, "essaieront de se réparer pour pouvoir exister dans le climat humide de la Floride", et "les milliers d'enfants aux cheveux bouclés qui vont être forcés de parler comme ça toute leur vie d'étudiant".

Et le lycéen de délivrer ce message à ses camarades qui atteignent l'âge d'être des citoyens : "Vous devez revendiquer votre pouvoir et vous devez le donner à ceux qui nous protègeront. La justice et l'injustice existent sous notre autorité. (…) Nous devons utiliser notre pouvoir partagé, car ce sont tous ceux qui ne l'ont pas utilisé qui ont laissé cela arriver à tous ceux qui ne le pouvaient pas." En effet, de la Floride au Texas en passant par l'Utah, la LGBTphobie aux États-Unis n'en finit plus de gagner du terrain sur le plan légal.

Crédit photo : YouTube/Liz Ballard