séries"Love, Victor" sur Disney+ : une fin réussie, mais prématurée

Par Florian Ques le 14/06/2022
"Love, Victor" sur Disney+ : une dernière saison réussie mais prématurée

À peine deux ans après son lancement, la série spin-off de Love, Simon tire sa révérence avec une saison 3 convaincante. Il n'empêche que ce clap de fin, aussi cohérent soit-il, laisse un goût d'inachevé…

Une page se tourne sur Disney+ ce mercredi 15 juin. Affichant trois saisons et une bonne vingtaine d'épisodes au compteur, Love, Victor rejoint désormais le cimetière des séries. Une conclusion douce-amère à plusieurs égards : d'une part, la fiction dérivée du film Love, Simon a le mérite de s'arrêter en accord avec ses créateurs, ces derniers ayant pu proposer un dénouement travaillé et conçu comme tel, évitant l'annulation surprise. De l'autre, ce chapitre de clôture amorce des pistes narratives pleines de promesses… qui auraient sans doute justifié une suite. Explications.

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Victor élargit ses horizons

Avant toute chose, rembobinons. La deuxième saison de Love, Victor s'était achevée sur un redoutable point d'interrogation, son personnage principal débarquant sur le seuil d'une porte pour tenter de reconquérir l'homme de son cœur. Mais s'agissait-il de Benji ou de Rahim ? Un mystère résolu – on ne va pas vous le spoiler – dès les premières minutes de cette ultime salve d'épisodes... mais qui n'a pas grande importance puisque notre cher Victor passe le plus clair de cette saison célibataire. Une décision scénaristique salutaire !

"Love, Victor" sur Disney+ : une fin réussie, mais prématurée
Crédit photo : Disney+

Par ce biais, Love, Victor s'éloigne de ses grosses ficelles de comédie romantique pour réfléter avec davantage d'acuité la réalité de beaucoup de jeunes homosexuels. Avec une vie amoureuse en berne, le héros de la série se retrouve ainsi à découvrir une application de rencontres façon Grindr et le monde pas toujours merveilleux des plans sans lendemain. De fait, l'évolution de Victor en saison 3 pourrait être qualifiée de "désenchantée" mais on préfère se dire qu'elle tend vers une crédibilité et une maturité qui manquaient parfois à la série de Disney+.

Mais la réelle bonne surprise de cette dernière saison, c'est la place accordée à Rahim ainsi qu'à d'autres personnages queers comme Lucy, la première petite amie de Lake, ou encore Nick, un nouveau venu dans l'entourage de Victor. Grâce à eux, Love, Victor met en exergue une pluralité de vécus LGBTQI+. En guise d'exemple, Rahim et Victor ont une discussion houleuse après avoir subi les moqueries de deux homophobes, le premier reprochant au second de ne pas pouvoir se mettre à sa place car il "passe pour hétéro". Une représentation de la follophobie – un rejet des gays perçus comme efféminés, grosso modo – qu'on voit peu sur les écrans.

Petit oiseau parti trop tôt

En marge de Victor et sa petite clique queer, les personnages hétéros de la série font du surplace. Comme Mia, dont les déboires familiaux et le potentiel déménagement traînent en longueur, ou Felix et Pilar, qui pâtissent d'embrouilles de couple pas suffisamment captivantes pour susciter la moindre émotion. On aurait aimé des enjeux un peu plus conséquents pour cette tournée d'adieu mais heureusement, la série continue de cultiver une tonalité positive qui rattrape ses écueils.

"Love, Victor" sur Disney+ : une fin réussie, mais prématurée
Crédit photo : Disney+

Mais le miracle de Love, Victor réside dans sa toute fin, à la fois réussie… et décevante. Son ultime épisode – qui fait écho au tout premier de la série ainsi qu'au film originel Love, Simon en se déroulant dans une fête foraine – rassemble tous les ingrédients qui ont fait vibrer les fans depuis ses débuts sur la plateforme. Un happy end, des réconciliations, des mots doux... En bref, le package complet. Cet ultime volet nous laisse cependant sur notre faim, tant on a l'impression qu'il arrive comme un cheveu sur la soupe et que la série a encore des choses à dire.

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C'est en tout cas ce que cette troisième saison a montré : l'adolescence queer est vaste, si vaste qu'il est dommage de s'arrêter après avoir effleuré de si bonnes voies d'exploration – cette saison, la série s'est tout de même intéressée, avec justesse quoique succinctement, au sujet des IST (infections sexuellement transmissibles). À travers sa galerie de personnages LGBTQI+, Love, Victor a montré qu'un champ des possibles était à portée de scénario. Pourtant, Disney+, Hulu (son diffuseur américain) ou quiconque tire les ficelles en a décidé autrement. La saga co-créée par Isaac Aptaker et Elizabeth Berger aura tout de même marqué l'histoire des séries et on peut se réjouir qu'elle ait déjà des héritières comme Young Royals ou Heartstopper, deux excellentes fictions queers destinées à des ados.

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Crédit photo : Disney+