Leurs coming out ne furent pas faciles, et leurs relations avec leurs parents en pâtirent durant de longues années. Pourtant, ces hommes se rendent disponibles pour leur famille, pour un père, une mère, voire une belle-mère en perte d’autonomie, avec qui recréer des liens et apaiser les blessures du passé.
Article paru dans le magazine têtu· n°230 (printemps 2022)
Quand François, Philippe et Bruno (tous les prénoms ont été modifiés) sont “sortis du bois” – comme on disait avant d’opter pour le terme moins bucolique de coming out –, ils ont dû affronter le rejet et l’ignorance de leurs parents. Pourtant, aujourd’hui, ces trois hommes s’occupent de leur famille, et prennent soin de ceux avec qui les tensions ont mis parfois des années à s’atténuer. Sans rancune.
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“Même s’ils ne m’ont pas facilité les choses, je n’allais pas les délaisser, assure François, 57 ans. Le lien de filiation est plus fort que le reste.” Le reste, pour lui, ce sont par exemple ces années à cacher l’homme avec lequel il vivait, et qui, pour sa famille, n’existait pas. “Mon père ne comprenait pas que je veuille habiter avec mon copain de l’époque”, raconte-t-il. Dans ce milieu de financiers, on habite dans le chic 7e arrondissement de Paris, on va à la messe tous les dimanches à l’église Saint-François-Xavier, on part en vacances dans la maison du Touquet et l’on prépare ses enfants, par de “bonnes études”, à réussir socialement. “Mes parents ne m’ont pas rejeté, mais, vis-à-vis de leurs amis, il ne fallait pas que mon homosexualité ait une existence sociale”, explique-t-il....