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EuropeEn Grèce, la justice libère l'un des assassins de Zak, un militant LGBTQI+

Par Fabien Perrier le 26/07/2022
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Après deux mois de prison, alors qu'il avait écopé d'une peine de 10 ans d'incarcération, l'un des assassins de Zak a été libéré avec sursis. La famille de Zak veut reprendre le combat judiciaire.

Un des meurtriers de Zak Kostopoulos, le jeune militant LGBTQI+ assassiné dans les rues d'Athènes en 2018, n'aura passé que deux mois et demi en prison. Un coup de massue pour la communauté LGBTQI+ en Grèce qui se demande comment un assassin peut rester si peu longtemps en détention. La famille de Zak veut reprendre le combat judiciaire.

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Rappelez-vous : le 21 septembre 2018, Zak Kostopoulos, 33 ans, connu sous son pseudo de drag Zakie Oh, meurt sous les coups du propriétaire d'une joaillerie et d'un complice, enfermé dans le magasin, puis de quatre policiers qui lui assènent des coups de matraque et écrasent sa poitrine jusqu'à l'étouffer. Le 4 mai 2022, la cour d'assises d'Athènes condamne à dix ans de prison chacun des deux meurtriers pour des "lésions corporelles ayant conduit à la mort". Quant aux quatre policiers ayant poursuivi Zak chancelant et qui l'avaient également frappé ont été disculpés. Ce verdict, prononcé en mai dernier, avait provoqué des manifestations devant le tribunal où l'on dénonçait la "honte" d'une justice malade et l'impunité des policiers.

Retour à la case départ

À peine deux mois plus tard, c'est une nouvelle douche froide pour les militants LGBTQI+ : l'un des assassins a été remis en liberté avec sursis. "En entendant la transformation de la peine de prison par sursis pour l'un des deux hommes reconnus coupables du meurtre de mon fils Zak, je me suis figée. J’ai eu l’impression que mon corps et mon esprit étaient entrés dans un congélateur. Je ne pouvais ni penser ni réagir, puis une vague d'émotions m'a submergé", confie à têtu· Emmanouil Anasthasiou, juriste travaillant sur les droits humains. "Cette affaire est revenue au point de départ", regrette-t-il.

Comment expliquer qu'un assassin passe si peu de temps en prison ? "Lors du procès l'un des deux avocats du meurtrier avait déjà invoqué des raisons médicales et financières pour demander une mise en liberté avec sursis. Depuis la prison, il serait incapable de subvenir aux besoins de sa famille... Mais le tribunal avait rejeté la demande", pointe à têtu· Clio Papapantoleon, l'avocate de la famille. "L'emprisonnement a nécessairement des conséquences financières. Le coupable a commis un meurtre. Y a-t-il un crime plus grave ?", demande-t-elle.

"Tout ce que la société grecque déteste"

"À nouveau, c'est un message d'impunité qui est envoyé", estime Emmanouil Athanasiou, juriste de profession. "Cette décision n'est pas compatible à un État démocratique et libéral", déplore Eleni Kostopoulos qui dénonce le manque de séparation entre l'Église et l'État, provoquant la sclérose. "Zak était séropo, activiste queer, transformiste, militant... Il était profondément spirituel et intellectuel. Mais son visage concentrait tout ce que la société grecque orthodoxe et conservatrice déteste", souffle sa mère. Dans son classement des pays européens, Ilga-Europe a placé la Grèce en 17ème position des 49 pays du continent, loin derrière nombreux États de l'Union européenne.

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Aujourd'hui, la famille de Zak envisage un recours devant la Cour suprême grecque. "Si le système judiciaire ne peut pas établir les responsabilités et punir correctement les criminels, alors le droit européen prendra le relais", ajoute Eleni Kostopoulos, la mère de Zak. "Nous utiliserons tous les moyens légaux pour rendre justice à Zak. Nous le devons à chaque victime, il est de notre devoir en tant que parents, en tant que société. Car la justice est l'un des biens les plus précieux de l'existence humaine".

Crédit photo : Capture d'écran Facebook / Zak Kostopoulos