Le député LR Aurélien Pradié aurait déclaré dans l'hémicycle que le monkeypox était surtout "une honte pour les singes". "Cette attaque me donne la nausée", affirme-t-il à têtu·, niant avoir tenu ces propos. Pourtant, sa sortie été constatée par les huissiers de l'Assemblée nationale...
"La stigmatisation et la discrimination peuvent être aussi dangereuses que n'importe quel virus", avertissait le Dr Tedros, le directeur général de l'OMS, le 23 juillet dernier. Si sur les réseaux sociaux, cette recommandation a volé en éclat, l'hémicycle de l'Assemblée nationale ne semble pas en reste. Le député Les Républicains Aurélien Pradié a assuré que la variole dite "du singe", qui touche essentiellement des hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes, "est surtout une honte pour les singes !". Des propos qu'il nie avoir tenus, mais qui ont été constatés par les huissiers de l'Assemblée nationale.
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Ce mardi 2 août, lors des Questions au gouvernement, l'élue écologiste de Paris, Sandrine Rousseau a interpellé le ministre de la Santé à propos de la variole dite "du singe". Un terme "que je n'emploierai plus puisqu'il contribue à la honte que peuvent ressentir les personnes infectées qui hésitent à se faire dépister". Cette précaution oratoire prise, les rangs de la droite s'agitent, "comme toujours lorsque je prends la parole", détaille auprès de têtu· Sandrine Rousseau. Selon le compte-rendu de séance par les huissiers, le député Les Républicains Aurélien Pradié aurait ajouté que "c’est surtout une honte pour les singes !". Une phrase stigmatisante pour laquelle Sandrine Rousseau demande des sanctions financières. En cas de faute, un député peut en effet se voir retirer une partie de son indemnité.
"Je ne l'ai jamais dit"
Interrogé par têtu·, Aurélien Pradié réfute pourtant avoir tenu ces propos. "Je ne l’ai jamais dit. Jamais. Et cette attaque me donne la nausée. C’est tout l’inverse de ce que je suis", affirme-t-il. "Le compte rendu n’est jamais formel. Et c’est insupportable de devoir m’expliquer sur ce qui est l’inverse de mes combats politiques", ajoute le parlementaire.
Sandrine Rousseau, qui n'a pas entendu la phrase dans le brouhaha, demande à la présidente de l'Assemblée, Yaël Braun-Pivet de saisir les captations sonores. Contactée par têtu·, l'Assemblée indique que le compte-rendu est "toujours relu minutieusement. Le service dédié, formé d'huissiers, est très attentif à ce qui est publié, c'est un travail d'un très grand sérieux". D'ailleurs, les députés ont trois jours pour faire des observations de forme.
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Ces propos homophobes gênent même au sein du parti de droite. "Un responsable politique ne devrait pas dire cela. De tels propos peuvent constituer une infraction grave et déshonorante pour celui qui les prononce. Ne faisons plus preuve d’esprit ringard, la droite doit enfin devenir moderne", regrette auprès de têtu· Aurane Reihanian, ancien président des jeunes républicains. Dans un tweet, Aurélien Pradié, pressenti comme candidat à la présidence des Républicains en septembre prochain, assure que "imaginer une seule seconde que j’ai voulu dire une chose pareille est à vomir. À ceux qui ont pu le croire et être blessés, je dis ma profonde tristesse. Le respect de tous, c’est ma vie."
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