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mondeLiz Truss à la tête du Royaume-Uni : qu'en attendre sur les sujets LGBTQI+ ?

Par Nicolas Scheffer le 06/09/2022
Liz Truss, nouvelle Première ministre du Royaume-Uni

Élue à leur tête par les adhérents du Parti conservateur, majoritaire au Royaume-Uni, Liz Truss a dans la foulée été nommée Première ministre par la reine. Sur les sujets LGBTQI+, elle dispose d'un bilan en tant qu'ancienne ministre des Égalités…

Les membres du parti conservateur britannique ont donc élu Liz Truss pour succéder à Boris Johnson à la tête de leur formation politique, et ainsi la porter au poste de Première ministre du Royaume-Uni. Âgée de 47 ans, elle a officiellement été chargée ce mardi 6 septembre par la reine Elizabeth II de former un gouvernement. Pour les personnes LGBTQI+, que la nouvelle cheffe de l'État soit une ancienne ministre des Égalités devrait a priori être une bonne nouvelle. Mais la troisième femme Première ministre du pays n'y a pas brillé par son ardeur à faire avancer les droits LGBTQI+, quand elle ne les a pas freinés des quatre fers…

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En mai 2013, Mary Elizabeth Truss, de son nom complet, avait pourtant voté en faveur du mariage pour tous, rejoignant 116 autres députés conservateurs, à une époque où le parti s'était scindé en deux sur la réforme, 127 parlementaires ayant voté contre. Mais les archives ne font pas état d'un excès de zèle : aucune déclaration publique pour défendre cette réforme n'est à mettre au palmarès de celle qui se réclame à l'envi de Margaret Thatcher.

Liz Truss tendre avec les thérapies de conversion

En 2019, après cinq ans à occuper plusieurs postes ministériels (Protection de l'enfance, Environnement, Justice, Budget...), Liz Truss devient ministre des Femmes et des Égalités, poste qu'elle occupera durant près de trois ans. Boris Johnson lui donne pour mission de porter deux réformes concernant les sujets LGBTQI+ : une simplification du changement d'état civil pour les personnes trans, ainsi que l'interdiction des "thérapies de conversion". Sur ces deux sujets, la "ministre des inégalités" – surnom donné par ses adversaires – a brillé au mieux… par son efficacité partielle.

C'est dans un discours devant le Parlement que la reine Élizabeth II a officialisé en mai 2021 la volonté de l'État d'interdire les "thérapies de conversion", qui prétendent modifier l'orientation sexuelle ou l'identité de genre d'une personne, interdiction réclamée depuis 2019. Finalement, Liz Truss n'a pas fait aboutir la réforme promise dont le projet était déjà très peu ambitieux : comme le souligne le Washington Post, le gouvernement britannique ne comptait notamment pas y inclure l'identité de genre, sujet trop compliqué pour être intégré dans la réforme, indiquait à la BBC le cabinet de Liz Truss. Laquelle mettait à part, au nom de la liberté de religion, les "thérapies" spirituelles sur des adultes "consentants"

Liz Truss pas fan de l'autodétermination

Autre réforme qui a laissé pantois les défenseurs britanniques des droits LGBTQI+ : l'actualisation de la loi de 2004 sur la reconnaissance du genre (Gender recognition act), qui s'est limitée à une réduction des frais administratifs et à la numérisation des démarches. La mise à jour a en revanche entériné la nécessité d'obtenir un certificat médical de dysphorie de genre pour faire aboutir la demande de changement d'état civil. "Ce ne serait pas juste d'avoir accès à l'autodétermination sans limite", justifiait Liz Truss en octobre 2021, citée par Pinknews. Avant même de pouvoir demander un changement d'état civil, les personnes trans doivent par ailleurs toujours justifier d'avoir vécu pendant deux ans dans le "genre d'acquisition".

Au sein même du parti conservateur, des voix se sont fait entendre pour critiquer la tiédeur de cette réforme. Dans un communiqué cité par Pinknews, la présidente (conservatrice) de la Commission femmes et égalités du Parlement, Caroline Nokes, jugeait en décembre 2021 que "le gouvernement a raté cette opportunité de façon spectaculaire", soulignant son "manque de volonté à s'engager". Pendant ce temps, au Royaume-Uni, les agressions homophobes se multiplient au point d'avoir triplé au cours des six dernières années, quand les agressions transphobes ont quadruplé.

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Crédit photo : Tim Hammond / UK government / Flickr