Après que le président serbe a annoncé l'annulation de l'Europride 2022 qui doit se tenir à Belgrade ce mois de septembre, des parlementaires européens de 24 pays lui enjoignent dans une lettre de revenir sur sa décision.
L'Europride de 2022 sur la sellette. Alors que l'événement LGBTQI+ paneuropéen doit se tenir cette année à Belgrade, du 12 ou 18 septembre, le président de la Serbie a annoncé sans préavis son annulation le 27 août, provoquant un tollé parmi les associations concernées, tollé qui déborde désormais ce cadre puisque 145 eurodéputés appellent, dans une lettre ouverte publiée ce mercredi 31 août, Aleksandar Vucic à revenir sur sa décision.
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"Les manifestations de fierté sont des outils pacifiques de plaidoyer politique et une façon de cristalliser le droit universel à la liberté d'expression et de réunion pacifique (…) Les fiertés ont été et resteront un outil de visibilité crucial pour la communauté LGBTQI dans le monde entier", plaident les parlementaires, issus de 24 pays membres de l'Union européenne (UE), dans leur texte initié par l'intergroupe LGBTI du Parlement européen qui a prévu d'envoyer une délégation à l'Europride. Un message transpartisan, signé pour la France par des élu·es macronistes (Stéphane Séjourné, Pascal Durand, Nathalie Loiseau…), de la France insoumise (Manon Aubry, Leila Chaibi, Younous Omarjee…), écologistes (Yannick Jadot, David Cormand, Karima Delli…), socialistes et démocrates (Aurore Lalucq, Pierre Larrouturou, Raphaël Glucksmann…).
L'Europe soutient les droits LGBTQI+
"En Europe, on ne négocie pas avec les valeurs. Qu’un pays candidat à l’UE aille à l’encontre de droits aussi fondamentaux que le droit de rassemblement et de manifestation, le tout sous la pression de l’ultra-droite, est tout simplement inacceptable ", plaide dans un communiqué le Français Pierre Karleskind, vice-président (Renaissance) de l’intergroupe LGBTI+ du Parlement européen. "C’est un signal particulièrement inquiétant, envoyé par un pays candidat à l’adhésion à l’Union européenne, insiste l'eurodéputé. Les marches des fiertés sont une marque de fabrique pacifique du mouvement militant LGBT, elles sont un pilier de la visibilité sociale et de véritables manifestations politiques au cours desquelles les personnes LGBT+ font entendre leur voix, trop souvent ignorée."
L'annonce d'Aleksandar Vucic est d'autant plus malvenue que cette 30e édition de l'Europride est la première prévue dans une ville des Balkans. Pour justifier sa volte-face, le président serbe a argué que la Serbie se trouve sous "sous pression" conjoncturelle mais aussi que "certains groupes extrémistes pourraient profiter et abuser de cet événement et de la volonté de la Serbie de l’organiser pour attiser davantage les tensions et pour diriger la Serbie vers l’instabilité". Soutenant les organisateurs de l'événement qui affirment que celui-ci sera maintenu, les eurdéputé·es se disent dans leur lettre "conscients qu'il existe des menaces à la sécurité des manifestants" mais maintiennent "que l'interdiction pure et simple de cet événement n'est pas la bonne solution", relevant que "la situation des contre-manifestations anti-LGBTIQ qui sont souvent violentes n'est malheureusement pas nouvelle pour les Prides. La réponse de la police doit donc être rapide, efficace et suffisante". Une initiative bienvenue, alors que les droits LGBTQI+ sont déjà menacés au sein de l'UE par les gouvernements en place en Pologne et en Hongrie.
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