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EuropeLa mort de Malte, jeune homme trans tué à la Pride de Münster, secoue l'Allemagne

Par Nicolas Scheffer le 16/09/2022
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Depuis la mort insupportable de Malte, 25 ans, qui tentait de protéger deux lesbiennes agressées lors de la Marche des fiertés de Münster, l'émotion est grande en Allemagne et le gouvernement veut renforcer son plan contre les LGBTphobies.

C'était la première fois que Malte osait défiler torse nu. Sa participation à la Marche des fierté de Münster (en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, dans le nord-ouest de l'Allemagne), le 25 août dernier, sera la dernière de cet homme trans seulement âgé de 25 ans. Au cours de la Pride, en tenant de protéger deux lesbiennes insultées par un homme, la tête de Malte heurte violemment le sol, occasionnant une hémorragie cérébrale qui lui sera fatale. Depuis son décès le 2 septembre après huit jours de coma, l'Allemagne est sous le choc de ce crime de haine.

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La semaine dernière, Markus Lewe, le maire chrétien-démocrate de Münster, a fait respecter une minute de silence lors du conseil municipal de rentrée. "Cet événement tragique montre que nous avons encore tant à faire pour l'égalité et l'acceptation de la diversité des identités de genre et des orientations sexuelles", a-t-il déclaré à la chaîne de télévision locale WDR. Sur les marches de son hôtel de ville, depuis le drame, les hommages à Malte affluaient : tournesols, bougies et cartes aux couleurs du drapeau trans, bleu, rose et blanc, rapporte le quotidien national Tageszeitung.

Agressions LGBTphobes en hausse

La ministre de l'Intérieur (SPD, le, principal parti de gauche), Nancy Faeser a publiquement appelé à ce que l'auteur de ce crime LGBTphobe soit "poursuivi avec sévérité". Un suspect, un Tchétchène de 20 ans, a été placé en garde à vue. Le procureur a demandé sa détention préventive, mais l'enquête n'est pas terminée. "De nombreuses informations circulent en ce moment sur ce qui se serait passé lors de l'attaque contre Malte. Je vous conseille de faire preuve de prudence (...) Toutes ces informations ne sont pas juste", a tweeté Sven Lehmann, secrétaire d'État en charge des sujets LGBTQI+, ajoutant : "La violence contre les personnes queers devrait mobiliser chacun d'entre nous. J'espère que la mort de Malte va secouer notre société". Une marche s'est tenue à Dresde pour rendre hommage à Malte.

"J'espère que la mort de Malte va secouer notre société."

Sven Lehmann, secrétaire d'État allemand en charge des sujets LGBTQI+

À Brême, toujours dans le nord-ouest de l'Allemagne, lors d'un match de football le 9 septembre, des supporters ont dressé des banderoles en l'honneur de Malte sur lesquelles on pouvait lire : "Les LGBTphobies tuent", "Tous contre la transphobie", ou encore "Repose en paix Malte". D'autres incidents LGBTphobes sont survenus ces dernières semaines dans la région : dans la ville de Tenever, au sud-est de Brême, un drapeau arc-en-ciel a été arraché d'un lotissement, rapporte le Tageszeitung. Fin août, 250 personnes se sont rassemblées spontanément après qu'une femme trans de 57 ans a été insultée et agressée dans un tramway, le lendemain de la bagarre qui a coûté la vie à Malte.

L'an dernier, l'office fédéral allemand de la police a dénombré pas moins de 870 délits en raison de l'orientation sexuelle de la victime, en augmentation de 50% par rapport à 2020. Les associations LGBTQI+ réclament de longue date un plan d'action sérieux contre les LGBTphobies, lequel est dans les tuyaux, détaille Taggeschau. Dans une conférence de presse commune le 5 septembre, Sven Lehman et la ministre de l'Intérieur ont annoncé la création d'un organisme de statistique de la violence LGBTphobe. Le 20 septembre, un groupe de travail sur la lutte contre les violences homophobes et transphobes sera mis en place. Enfin, un projet de loi est en cours pour inclure dans les crimes de haine les LGBTphobies, ainsi qu'un autre pour permettre l'autodétermination de genre. Pour que la mort de Malte, ne soit pas vaine en plus d'être insupportable.

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Crédit photo : Bernd Thissen/DPA via AFP