Un an après l'agression du jeune Yanis à Montgeron, dans l'Essonne, deux de ses agresseurs ont été condamnés à 35 heures de travail d'intérêt général et à un stage de citoyenneté.
L'agression de Yanis, 17 ans, en septembre 2021 à Montgeron dans l'Essonne, avait légitimement provoqué une vague d'indignation. Sur une vidéo de l'agression diffusée sur les réseaux sociaux, on voyait une dizaine de jeunes rouer de coups l'adolescent dans la rue, joignant aux violences physiques des insultes homophobes. Ce mardi 14 septembre, deux adolescents ont été condamnés dans cette affaire par le tribunal pour mineurs d'Évry, rapporte l'AFP confirmant une information du Parisien.
L'un des deux adolescents condamnés, âgé de 17 ans au moment de l'agression, a écopé de 35 heures de travaux d'intérêt général (TIG). Le second, deux ans plus jeune, devra suivre un stage de citoyenneté organisé par la protection de la jeunesse, à savoir "une à deux journées d'actions éducatives" pour rappeler "les devoirs et obligations qu'impliquent la vie en société" afin de lui "faire prendre conscience de sa responsabilité pénale et civile", précise le parquet à l'AFP.
"Le parquet doit faire appel"
Deux circonstances aggravantes à cette agression, qui avait entraîné pour la victime une interruption totale de travail (ITT) supérieure à huit jours, ont été retenues : les violences ont été commises en réunion, et en raison de l'orientation sexuelle supposée de Yanis. Sur le plateau de Touche pas à mon poste, le jeune homme avait livré un témoignage particulièrement poignant. "Ils m'ont insulté de pédé et de gay. Ils m'ont d'abord attrapé par derrière, ils m'ont jeté et frappé", disait-il, expliquant avoir été lynché "gratuitement" pour lui "apprendre à bien marcher, pas comme un pédé".
L'annonce des condamnations a été accueillie froidement, de nombreux internautes estimant la sentence faible au regard de la gravité des faits. "On peut s'interroger sur le faible nombre de personnes condamnées et la proportionnalité de la peine", réagit ainsi Sébastien Tüller, responsable des questions LGBTI à Amnesty International. "Si les peines n’ont pas un minimum d’effet dissuasif, alors tout le travail fait par les militants est mis à mal, abonde auprès de têtu· l'eurodéputé Pierre Karleskind (Renaissance). L’agression en question est grave, car elle est notamment caractérisée par l’homophobie. Le parquet doit faire appel. À défaut, de nombreux jeunes auront raison de s’inquiéter de la volonté de la société de les protéger…"
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Yanis avait également témoigné du harcèlement homophobe qu'il subissait déjà depuis plusieurs années. Alors que trois sessions annuelles d'éducation à la sexualité sont inscrite dans la loi pour sensibiliser les élèves, dans les faits, très peu sont réellement assurées. A l'occasion de la rentrée scolaire, Pap Ndiaye, le nouveau ministre de l’Éducation nationale, a reconnu qu'il fallait agir sur ce plan, déclarant dans Le Monde : "Nous devons améliorer cette situation pour des questions de santé publique ainsi que des objectifs plus généraux liés aux discriminations, à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes, à la lutte contre les LGBTphobies, à une meilleure égalité entre filles et garçons". Et maintenant, des actes !
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