La France a augmenté sa participation au Fonds mondial contre le sida de 23% pour les trois prochaines années. Mais les sommes récoltées, alertent les militants, ne sont pas à la hauteur de l'"objectif zéro sida" pour 2030.
À New York, la communauté internationale a levé 14,25 milliards de dollars pour reconstituer le fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, a indiqué le Fonds mondial ce mercredi 21 septembre. C'est moins que les 18 milliards de dollars attendus pour mettre fin à l'épidémie de VIH d'ici à 2030. Mais l'Italie et le Royaume-Uni, deux gros pourvoyeurs du Fonds, n'ont pas encore annoncé leur participation.
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"Nous avons décidé de dédier au Fonds mondial 300 millions d'euros supplémentaires sur trois ans, ce qui signifie que nous y investirons près de 1,6 milliard d'euros entre 2023 et 2025", a annoncé Emmanuel Macron lors de l'événement qui s'est tenu en marge de l'assemblée générale des Nations unies. Cela représente une augmentation de 23% par rapport à la précédente contribution, mais reste inférieur à l'augmentation de 30% demandée par le Fonds. Lors de son discours, le président français s'est par ailleurs engagé à lutter "pour faire baisser le prix des médicaments". "C'est le rôle de l'organisation internationale d'achat de médicaments United, dans laquelle nous investirons 250 millions d'euros sur trois ans", a-t-il ajouté.
Sida mais aussi tuberculose et paludisme
Au total, les États-Unis ont promis de dédier 6 milliards de dollars (6,07 milliards d'euros) ; l'Allemagne, 1,3 milliard d'euros ; le Japon, 1,08 milliard de dollars (1,09 milliards d'euros) ; le Canada, 1,21 milliard de dollars canadiens (910 millions d'euros) ; la Commission européenne ayant promis, quant à elle, 715 millions d'euros. De son côté, le secteur privé contribuera à hauteur de 1,23 milliard de dollars (1,24 milliard d'euros)."Ce à quoi nous avons assisté aujourd’hui est une mobilisation sans précédent pour la santé mondiale", assure le directeur exécutif du Fonds, Peter Sands.
Malgré tout, il manque encore 4 milliards de dollars pour atteindre les 18 milliards nécessaires "pour mettre fin aux épidémies de sida, de tuberculose et de paludisme d'ici 2030, en regagnant le terrain perdu pendant la pandémie de Covid", regrette Françoise Vanni, porte-parole de l'organisation, et citée par Les Échos. Cette somme représente 30% de plus que les 14 milliards levés en 2019 en France, qui était une année record. "14,25 milliards pour le fonds global, un montant certes supérieur à 2019, mais largement en dessous des 18 milliards MINIMUM nécessaires pour éviter tout recul dans la lutte contre les trois pandémies... Bye Bye 2030 sans sida", a regretté Camille Spire, présidente de Aides, dans un tweet.
Le covid a fait reculer la lutte contre le VIH
L'organisation a alerté sur l'impact "dévastateur" de la pandémie de Covid-19, qui a immanquablement perturbé l'accès aux systèmes de soins et a provoqué des baisses significatives des dépistages du VIH et de la tuberculose. "Que ce soit en matière de discontinuité des traitements, de précarisation de certains publics, d’absence partielle ou totale de prévention, de baisse des dépistages, le Covid-19 a eu des effets dévastateurs sur les communautés touchées par le sida, et en premier lieu, sur les femmes, les minorités sexuelles et les travailleuses et travailleurs du sexe", écrit dans une tribune au Monde Jean-Luc Romero-Michel, adjoint à la mairie de Paris et président d’Élus locaux contre le sida. Pour la première fois, le nombre de mort de la tuberculose a augmenté en 2020 avec 1,5 million de morts, faisant de l'épidémie la deuxième maladie infectieuse la plus mortelle dans le monde après le coronavirus.
Créé il y a 20 ans, le Fonds mondial revendique d'avoir sauvé 50 millions de vies depuis sa création. En 2021, 23 millions de personnes sont sous traitement, ce qui permet de réduire de 50% les décès liés au sida entre 2010 et 2021, assure le Fonds. Dans les 120 pays où il agit, le Fonds mondial rend possibles des campagnes de prévention et d'informations, mais apporte aussi un soutien logistique aux personnels de santé.
Crédit photo : Fonds global