Dans son dernier album, Pomme replonge en enfance, et plus particulièrement dans le clip de "Jardin", qui retranscrit l'ambivalence de ses sentiments sur cette période à la fois source de nostalgie et de mélancolie.
Parmi ses souvenirs d'enfance, Pomme garde celui, indéfectible, de ce grand jardin où elle adorait jouer, mais aussi s'enfuir, et dont elle a fait une chanson, comme elle le raconte dans une interview donnée dans le dernier têtu·, actuellement disponible en kiosques. La chanteuse présente ce mercredi 5 octobre le clip qui accompagne le morceau sobrement intitulé "Jardin", tiré de son troisième album, Consolation, sorti le 26 août, et dont l'univers aussi onirique que cauchemardesque semble sortir tout droit d'un film d'animation de Miyazaki. "Ce jardin revient souvent dans mes rêves, mais aussi dans mes cauchemars", nous confiait l'artiste, qui a parfaitement su retranscrire l'ambiguïté de ses ressentis. Le clip est un parfait mélange entre réconfort et malaise. Un câlin qui fait froid dans le dos.
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— Pomme (@Pommeofficial) September 15, 2022
Pomme et l'ambivalence de l'enfance
Tous ceux qui ont déjà regardé un film d'horreur le savent : se promener dans un labyrinthe créé dans un champ de maïs est une très mauvaise idée. Au coeur de cet entrelacement, une femme âgée aux cheveux gris, dont la progression vers le centre du labyrinthe semble reproduire son cheminement mental vers des souvenirs enfouis. Durant son parcours, elle finit par tomber nez à nez avec une enfant au visage familier – elles ont à l'arcade la même cicatrice –, assise sur un lit. Malgré l'ambiance pesante qui émane de la scène, la lumière, éblouissante, et les couleurs chaudes estivales la distinguent des classiques du macabre. Toutefois, les créatures qui se dissimulent dans les épis n'ont rien de rassurantes. Si vous appréciez les films d'animation Ghibli, vous aurez sans doute reconnu la référence aux Kodamas, esprits de la forêt d'un blanc laiteux aux visages fantomatiques déformés, très présents dans Princesse Mononoké. Contrairement aux Kodamas de Miyazaki, ceux de "Jardin" sont plus inquiétants, et leur attitude menaçante.
"Mon enfance me manque, alors qu’elle ne le devrait peut-être pas."
Pourquoi la vieille femme s'efforce-t-elle de suivre la piste indiquée par ces créatures ? À quoi est due cette obstination ? Ce sont exactement les questions que se pose Pomme dans son texte : "Pourquoi j'y pense encore ? Y a quoi de mieux avant ?" Lorsque nous l'interrogeons, elle admet que son enfance l'"obsède", qu'elle "essaie de [se] rappeler d'absolument tout". "Mon enfance me manque, alors qu’elle ne le devrait peut-être pas", confie-t-elle. Si l'artiste ne peut s'empêcher de ressentir une forme de peine à l'évocation de ses souvenirs, toutefois, sur le papier, "tout roulait". "C’est cette ambivalence, je crois, qui fait que je suis obsédée par l’enfance. Je cherche obstinément la vérité sur ce qu’elle fut vraiment", analyse-t-elle. Cette quête de la vérité, de sa vérité, est justement au coeur de son clip, dont l'harmonie finale est permise par la réunification du passé, lointain et solitaire, du futur, qui erre, et du présent déterminé à ramener la paix dans ce jardin.
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Crédit photo : Claire Pommet et Hugo Pillard