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cinémaAvec "Mon CRS", Marc Martin signe un conte de fée musical et charnel

Par Florian Ques le 23/11/2022
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Le photographe Marc Martin bifurque désormais du côté du cinéma avec un premier film beau et romantique, actuellement programmé au festival parisien Chéries-Chéris.

Ce vendredi 25 novembre, le MK2 Quai de Seine accueillera une projection réalisée dans le cadre de Chéries-Chéris, le festival parisien de cinéma LGBTQI+, qui célèbre déjà sa 28e édition. Cette séance spéciale, qui débutera à 17h30, diffusera les cinq œuvres en lice dans la compétition dédiée aux courts-métrages queers. Parmi cette sélection, Mon CRS, le tout premier film réalisé par Marc Martin. Le photographe, à qui l'on doit notamment les expositions Beau Menteur et Les Tasses, Toilettes publiques – Affaires privées, délaisse son appareil pour une caméra et nous conte une histoire de désir moderne sur fond d'acceptation.

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En une vingtaine de minutes, le néocinéaste nous invite à découvrir un jeune CRS, campé par le musculeux Mathis Chevalier, en proie à une crise identitaire tandis qu'il lutte contre son attirance pour un·e artiste de cabaret à l'expression de genre féminine incarné·e par Othmane, acteur·ice non-binaire. Hormis deux monologues au début et à la fin du court-métrage, Mon CRS est un film plutôt silencieux qui fait la part belle aux regards, aux non-dits et, évidemment, à la musique.

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Crédit photo : Marc Martin

Romance queer et conte de fée musical

Derrière le titre du projet de Marc Martin, certains auront peut-être fait le lien avec le titre d'Annie Cordy. Dans la bouche d'Othmane, le morceau se pare d'une tout autre saveur et devient un hymne à la tolérance et au respect. "Les paroles humoristiques de la chanson prennent un sens politique, soutient le réalisateur. Et la voix off de Mathis, connectée à l'enfance alors qu'il s'impose à l'image avec sa carrure d'athlète, jette à la volée des mots que chaque adulte attrapera en fonction de sa propre histoire... Vu la période sombre que nous vivons, je suis fier de militer contre les préjugés avec un conte de fées musical." Mais le film est, aussi, une interrogation du désir auprès du public.

En faisant du personnage d'Othmane une entité mystérieuse et en maintenant un flou autour de son identité, Marc Martin confronte le spectateur à son potentiel désir. "Plus quelqu'un d'androgyne va être beau, plus ça va déranger les gens, fait remarquer le photographe. Dès qu'il y a une ambiguïté charnelle, c'est la panique. Je voudrais que le public se questionne sur le rôle des apparences dans la construction du désir, et sur regard sur soi. Les deux, à leur manière, se construisent. Finalement, la trame du film n'est pas si importante que ça."

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Crédit photo : Marc Martin

En résulte que pour son premier passage derrière la caméra, Marc Martin vise juste. "J'ai beaucoup travaillé sur des sujets que les gens trouvent crades, comme les pissotières, et je voulais en prendre le contre-pied", conclut l'artiste dont le virage, une réussite, appelle désormais à un format plus long.

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Crédit photo : Marc Martin