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streaming"Élite", saison 6 sur Netflix : la saison de trop ?

Par Florian Ques le 22/11/2022
"Élite", saison 6 sur Netflix : enfin la saison de trop ?

Élite, la série sexy et inclusive de Netflix, est de retour avec une sixième saison qui, en dépit de ses bonnes intentions, se prend trop souvent les pieds dans le tapis...

Cette année, et après avoir visionné la bande-annonce torride diffusée par Netflix, on attendait le retour d'Élite pour nous aider à passer l'automne et une partie de l'hiver en réchauffant d'un ou deux degrés la température de nos appartements. Mais quand la plateforme a ajouté à son catalogue la sixième saison du hit espagnol vendredi 18 novembre dernier, autant vous dire qu'on a déchanté. La saison s'apparente en fait à un gloubi-boulga d'intrigues cousues de très gros fils blancs autour de sujets de société, notamment queers, au traitement franchement bancal. Et alors qu'un septième tour de piste est déjà en préparation, on se dit qu'il vaudrait probablement mieux en rester là...

Attention, cet article contient des spoilers quant à la saison 6 de la série Élite.

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Nico, premier personnage trans

Si cette rentrée à Las Encinas est, comme à son habitude, mouvementée, cette fois les scénaristes n'ont pas eu besoin de chausse-pied pour faire rentrer les histoires rocambolesques dans leur intrigue principale… puisqu'il n'y en a plus ! Pourtant, ça ne commençait pas si mal. Tout d'abord, Élite accueille enfin son premier personnage trans, Nico, incarné par l'acteur concerné Ander Puig. La série fait d'ailleurs le choix de le montrer parfaitement intégré à sa classe, notamment auprès des garçons cis, qui ne le discriminent jamais sur la base de son identité. De plus, il bénéficie d'une scène de sexe à la fois hot et pédago, en plus d'être inédite et novatrice dans sa façon de dépeindre la sexualité d'une personne trans.

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Crédit photo : Netflix

Le seul bémol, et non des moindres, est que Nico écope d'une intrigue amoureuse avec Ari (Carla Díaz), qui enchaîne les propos transphobes sans jamais réellement s'en excuser. Nico, qui fait mine de la bouder, finit toujours par retomber dans ses bras, comme s'il était normal d'encaisser ce genre de comportements au nom d'une soi-disant passion. Alors, ok, on a tous eu des relations toxiques, mais Nico méritait mieux que ça.

Et que dire de l'intrigue d'Isadora (Valentina Zenere). Victime d'un viol collectif par plusieurs de ses camarades la saison précédente, elle doit désormais faire face à ses agresseurs, innocentés par la justice faute de preuves. En faisant de ces derniers de basses caricatures de méchants prenant plaisir à tourmenter la lycéenne d'un bout à l'autre de la saison, Élite étire au maximum le traumatisme de la victime au profit de rebondissements nauséabonds rendant in fine le visionnage de cette sixième saison difficile à supporter. Dommage pour une série qui s'apparentait plutôt à un plaisir coupable…

Un coming out dramatique

Enfin, et même si la fiction hispanophone de Netflix concrétise durant cette saison ce que le monde du football peine encore à offrir, à savoir le coming out d'un joueur de haut niveau en activité, là encore elle s'y prend mal. Après qu'une photo de paparazzi le montre en train de bécoter Patrick (Manu Ríos), Cruz (Carloto Cotta), qui décide finalement de sortir du placard, voit se déverser sur lui un torrent de haine. Un squelette pendu portant son maillot de foot est d'abord déposé sur le pas de sa porte, avant que son premier match post-coming out ne soit interrompu en raison d'une bagarre entre des supporters homophobes et d'autres brandissant le drapeau LGBTQI+. Le clou du spectacle ? En sortant de son domicile, le joueur manque de percuter une voiture et se retrouve au milieu d'une altercation... qui a pour conséquence sa mort violente et soudaine après un coup particulièrement brutal reçu au visage.

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Crédit photo : Netflix

Imaginer le coming out d'un pro du ballon rond à la Cristiano Ronaldo, c'est bien. Le faire d'une manière aussi pessimiste, c'est passer à côté d'une réelle opportunité. Mais cette intrigue, et son dénouement déplorable, viennent confirmer une chose : Élite n'est plus qu'une coquille vide opportuniste. La série est trop occupée à sexualiser ses personnages pour se rendre compte qu'elle n'apporte rien aux thèmes sensibles dont elle s'empare. Tout est conçu pour choquer plutôt qu'émouvoir, traumatiser plutôt qu'éduquer. Toutes les œuvres n'ont bien sûr pas vocation à être didactique, mais Élite, hit adolescent, nous avait malgré tout habitué à mieux. Et si ses précédentes saisons ne relevaient pas du génie, elles avaient au moins le mérite de viser souvent juste en matière de représentation.

L'heure est sans doute venue d'arrêter d'avoir espoir en Élite... "On ne peut pas demander à un bourricot de devenir un cheval de course", lâchait Frédérique dans Les Anges de la télé-réalité, avec, elle, une certaine justesse.

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Crédit photo : Netflix