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préservatifsPrévention du VIH : outre la capote gratuite, l'accès facilité au traitement post-exposition

Par Nicolas Scheffer le 12/12/2022
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Emmanuel Macron vient d'annoncer pour les moins de 25 ans la gratuité des préservatifs, déjà remboursés en partie pour l'ensemble de la population. Autre nouveauté : le traitement post-exposition (TPE) au VIH va être rendu disponible hors hôpital, mais il faut encore faire preuve de patience.

"C'est une petite révolution de prévention." Emmanuel Macron n'était pas peu fier d'annoncer, le jeudi 8 décembre lors d'une session du Conseil national de la refondation, la délivrance gratuite et sans ordonnance, à partir du 1er janvier 2023 en pharmacie, de préservatifs aux 18-25 ans, mesure étendue le lendemain par le président de la République aux mineurs.

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Depuis 2018, pour lutter contre le VIH/sida, le préservatif masculin est déjà remboursé à 60%, sans limite d'âge, mais sur prescription médicale d'un généraliste ou d'une sage-femme (ordonnance valable un an, autant de fois que nécessaire). Une mesure qui concerne aujourd'hui deux marques : Enden et Sortez-couverts. La boîte de 12 préservatifs étant vendue au maximum 2,60 euros, le reste à charge est de 1,04 euro, régulièrement remboursé par les complémentaires santé (comme par exemple par la LMDE, première mutuelle des étudiants). Seulement, le dispositif reste méconnu puisque seuls 21% des mineurs et 29% des moins de 24 ans ont connaissance de ce remboursement, selon l'Élysée. Or, en 2021, 15% des quelque 5.000 découvertes de séropositivité ont concerné les moins de 25 ans, selon les derniers chiffres de Santé publique France. "Le passage par un médecin généraliste pouvait représenter un obstacle", souligne Florence Thune, directrice de l'association Sidaction, se félicitant donc de l'annonce présidentielle.

La vraie révolution : l'accès au TPE

Le préservatif étant déjà remboursé en grande partie par la Sécurité sociale, la vraie "révolution" en matière de prévention du VIH se trouve en réalité du côté du traitement post-exposition (TPE). Actuellement, ce traitement d'une durée de 28 jours est délivré aux urgences après un accident ou une prise de risque. Il est également disponible dans certains CeGIDD.

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Problème : pour être le plus efficace possible, le TPE doit être pris idéalement dans les 4 heures après le risque et au maximum 48 heures après. Or, l'idée de passer une nuit aux urgences pour l'obtenir rebute largement, et limite son recours. Alors, pour rendre le traitement plus accessible, le gouvernement planche sur une délivrance par les médecins généralistes, les infirmier·es scolaires ainsi qu'en pharmacie. "Il est prévu d'étendre les lieux et les acteurs en capacité de délivrer un kit d'urgence, puis d'orienter vers les services compétents pour une prescription complète", confirme à têtu· la direction générale de la Santé (DGS). Là encore, les autorités regrettent que cet outil ne soit pas suffisamment connu du public, "alors qu'il constitue un outil important dans le cadre de la prévention". Rappelons-le : ce traitement est déjà pris en charge à 100% par la Sécurité sociale.

Le déploiement de cette réforme se fait toutefois à pas de loup. "Nous devons attendre la publication du nouveau rapport d'experts sur la prise en charge du VIH prévue d'ici la fin du premier trimestre 2023, avant de lancer des travaux de construction d'un parcours d'accès au TPE auprès des médecins de premiers recours. Plusieurs obstacles règlementaires devront être levés. Dans ces conditions, l'accès du TPE auprès des généralistes ne devrait pas être possible avant le second semestre 2023", nous précise-t-on à la DGS. Quant à la délivrance par les pharmacies, "il nous faut d’abord stabiliser le parcours autour de la prescription du TPE par les médecins de premier recours avant de lancer sur les travaux concernant les pharmaciens", complète-t-on. Cette révolution attendra donc 2024.

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Crédit photo : Reproductive Health Supplies Coalition / Unsplash