Abo

cinéma"The Whale" : Brendan Fraser transformé dans ce requiem pour un gay au fond du trou

Par Florian Ques le 09/03/2023
"The Whale", de Darren Aronofsky, avec Brendan Fraser

Près de 25 ans après le succès de La Momie, Brendan Fraser fait à nouveau parler de lui grâce au dernier film de Darren Aronofsky, The Whale, dans lequel il joue un homme gay obèse et dépressif. Une performance parfaite pour le mettre sur les rangs de l'Oscar 2023 du meilleur acteur.

Vêtu de sa meilleure tenue d'aventurier tout-terrain à la Indiana Jones dans les trois volets de La Momie, Brendan Fraser, avec son sourire charmeur, ses yeux bleu azur et sa mèche tombante, avait provoqué l'éveil sensuel de tout un tas de jeunes homos dans les années 2000. Une quinzaine d'années après le dernier opus de la franchise, l'acteur crée la surprise dans un rôle de composition qui lui vaut une nomination aux Oscars 2023 dans la catégorie Meilleur acteur.

À lire aussi : "Scream 6" : Ghostface prend d'assaut New York dans un nouveau volet plus brutal

Dans The Whale de Darren Aronofsky – réalisateur notamment de Requiem for a Dream –, en salles ce mercredi 8 mars, le comédien désormais âgé de 54 ans se glisse dans la peau de Charlie, un professeur souffrant de dépression depuis la mort de son petit ami. Atteint du syndrome d'hyperphagie incontrôlée, qui l'a rendu obèse, il vit reclus dans sa maison. Les seules personnes qui lui rendent visite sont Liz, son amie infirmière, et Ellie, sa fille adolescente issue d'un précédent mariage avec une femme. Alors que son état de santé se dégrade à vitesse grand V, l'heure est au mea culpa, et aux adieux, avant qu'il ne soit trop tard.

The Whale, un film qui n'aère pas

Au cas où ce bref pitch n'était pas suffisamment clair, précisons : The Whale n'est pas un film feel good. Rien n'y a été tourné pour vous remonter le moral ou susciter des sentiments disons… positifs. Il faut dire qu'à l'exception de quelques brèves scènes, la majeure partie de l'intrigue est tournée en huis clos, Charlie ne sortant jamais de son séjour, dont il veille à ce que les volets soient tirés. C'est ainsi qu'il se terre, loin des regards et des jugements, mais également de tout espoir, et de toute vie. Les couleurs de sa maison sont ternes et les pièces peu entretenues, ne serait-ce qu'aérées. On devine la texture poisseuse des murs et l'odeur de renfermé. Mais si Darren Aronofsky semble vouloir nous dégoûter de cet environnement, c'est avant tout pour susciter la pitié envers son personnage principal.

the whale,film,film gay,brendan fraser,Darren Aronofsky
Crédit photo : A24

The Whale n'a toutefois pas grand-chose à dire sur l'obésité morbide dont souffre Charlie, et l'on se demande même par moments si le réalisateur ne glisse pas dangereusement dans le sensationnalisme. C'est pourquoi l'on retiendra surtout la performance de Brendan Fraser, époustouflante. Son jeu millimétré dégage une humanité folle, qui pointe sans effort derrière les prothèses et le maquillage dont l'acteur est affublé.

Le reste du casting est lui aussi remarquable, de Hong Chau – qui concourt pour l'Oscar 2023 de la meilleure actrice dans un second rôle – à Sadie Sink, déjà remarquée dans Stranger Things. Parce qu'ils ne tombent pas dans le pathos auquel The Whale mène tout droit, ses interprètes parviennent à soutenir ce récit porté par un personnage gay hors normes, qui réussit à nous faire passer de la pitié à l'empathie.

À lire aussi : Patric Chiha, "Orlando" par Preciado, Vincent Dieutre… 10 films à suivre repérés à la Berlinale

Crédit photo : A24