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musiqueSilly Boy Blue : "J’ai arrêté d’essayer de me construire à travers le regard des gens"

Par Florian Ques le 27/04/2023
La chanteuse Silly Boy Blue sort un nouvel album, "Eternal Lover"

[Article à retrouver dans le nouveau tetu· disponible en kiosques]À l'occasion de l'a sortie de son deuxième album ce 12 mai, Eternal Lover, la Française Silly Boy Blue confirme son cœur d’artichaut. Pour têtu·, elle évoque la musique, ses amours, mais aussi ses plaids et ses pots de glace.

À multiplier les déboires sentimentaux, Silly Boy Blue a contracté le même syndrome qu’Adele, et met tout de ses ruptures amoureuses dans sa musique. C’était déjà le cas avec Breakup Songs, son premier album au nom évocateur, sorti en 2021, dont la pop mélancolique lui a valu une nomination aux Victoires de la musique l’année suivante dans la catégorie Révélation féminine. C’est d’ailleurs après la tournée qui s’ensuivit qu’Ana Benabdelkarim – son nom à la ville – a pris “la meilleure comme la pire décision de [sa] vie” : “Je suis partie pendant trois semaines à Londres. J’avais besoin de me mettre face à ma tristesse, seule dans un appartement, sans parler à personne.” Entre deux sessions de larmes, quelques raisins et des rivières de Coca, la chanteuse nantaise de 27 ans a tout de même composé un deuxième disque : Eternal Lover. Un titre qui la décrit bien : une incorrigible amoureuse de l’amour “prête à tout pour vivre de belles choses, quitte à ce que ce soit un puits sans fond de mauvaises décisions”. La Française poursuit ainsi sa mission sublimisatrice de la morosité post-rupture, avec 14 titres de pop tapageuse rappelant tant les années 2000 que Lily Allen, Avril Lavigne, mais aussi Billie Eilish et… Taylor Swift.

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Taylor Swift a sorti “Lover” en 2019, et là tu te pointes avec “Eternal Lover”… T’essaierais pas d’être notre Tay Tay française ?

(Rires.) C’est clairement une inspiration. J’aime son côté “over dramatique” pleinement assumé. Dans la chanson française, on est un peu pudique sur les histoires d’amour. Elle, elle assume tout. Et moi aussi ! Si on m’a rétamé le cœur, je le dis.

À toi aussi on t’a reproché de n’écrire que sur tes peines de cœur ?

Carrément ! Avec “Widow Dreams Forever”, j’ai voulu endosser à fond ce rôle de veuve triste collectionneuse d’ex qui me colle à la peau, et avec lequel j’ai beaucoup joué, j’avoue. Je ne sais écrire que sur des histoires d’amour, alors pourquoi je m’en priverais ?

Ta plus belle histoire, c’était avec qui ?

Avec vous, le public. (Rires.) En vrai, au risque de paraître cliché, c’est celle que je vis avec la musique. Une histoire qui dure depuis mes 13 ans, et la seule qui me fasse ressentir autant de choses.

Qu’est-ce qui te fait aimer une personne ?

Je me suis vite rendu compte que ce n’était pas son physique, ni son genre, ni son style, qui comptait pour moi. Mais plutôt…

…les thunes ?

(Rires. Elle prend un accent de cagole.) Moi ce que je regarde en premier chez quelqu’un, c’est son portefeuille ! Non, plus sérieusement, ce qui me touche, c’est quand l’autre comprend ce qu’est la tristesse et le désespoir sans qu’il y ait de raison, quand je n’ai pas besoin de me justifier quand ça ne va pas.

Tu crushais sur quel genre de personne quand t’étais plus jeune ?

À l’époque, j’étais persuadée que mon type, c’était les mecs très androgynes. Il fallait peut-être que je me pose un petit peu plus de questions. (Rires.) “Pourquoi t’aimes tant les cheveux longs ? Pourquoi dans Star Wars tu aimes autant Natalie Portman que Hayden Christensen ?” Il m’a fallu un peu de temps avant de comprendre.

Tu dirais que les mêmes choses t’attirent chez les deux sexes ?

J’ai l’impression qu’on a des attentes très faibles envers les hommes… On ne peut pas à ce point se réjouir parce qu’ils utilisent un gel douche et non du Paic citron. (Rires.) Je suis tellement critique des mecs de mes potes que je ne peux pas agir autrement avec les miens. Mais si je suis 100% honnête, je recherche profondément Kristen Stewart.

On m’a dit qu’elle traînait dans la Creuse…

Mon rêve ! Tourner un téléfilm de Noël avec elle là-bas. Kristen, c’est le top 1 de toutes mes listes. J’ai envie qu’elle me parle jusqu’au petit matin.

Dans la vie, tu es plutôt largueuse que larguée ?

L’inverse évidemment, ma belle ! (Rires.) Je n’ai largué qu’une seule personne dans ma vie. C’était bizarre de passer de l’autre côté de la barrière. Je n’ai pas aimé l’expérience. Faire des choix, prendre des décisions, je déteste ça de manière générale.

Appeler son ex en étant bourrée, tu l’as fait combien de fois ?

Je le fais tout le temps, c’est dans l’album ! (Rires.) Un seul verre me suffit, donc j’efface leurs numéros de mon répertoire pour éviter de les appeler. Par contre, ce que je ne fais pas, c’est leur écrire un texto à Noël. Ceux qui font ça, c’est un fléau.

T’as déjà eu ta phase Bridget Jones ? Plaid, films, pot de glace en pleurnichant…

C’est nécessaire ! Il y a plein de merdes dans ces films mais aussi plein d’astuces de self care hyper positives. Bridget Jones a rendu stylé le fait de chialer sous sa couette avec son pot de Ben & Jerry’s. Grâce à elle, on se rend compte que finalement ce n’est pas tant la lose. Si tu veux faire la fête non-stop pendant six mois, vas-y. Si tu veux hiberner dans ton lit, fais-le.

Tu appelles qui quand ça ne va pas ?

Avant, j’appelais beaucoup ma mère. Maintenant, mon bassiste, Augustin, qui est la personne qui me juge le moins au monde. C’est vraiment mon cahier de doléances.

Et ton tue-l’amour ultime, c’est quoi ?

C’est quand la personne sort déjà avec quelqu’un (Rires.) “Eternal Lover”, ça veut aussi dire que j’ai constamment été l’amante : c’est-à-dire, aux yeux de l’autre, personne. Je l’ai souvent compris après m’être fait avoir. Le polyamour, pourquoi pas, mais alors consenti.

La plus belle chanson d’amour jamais écrite, c’est laquelle pour toi ?

“Love Me Like There’s No Tomorrow”, de Freddie Mercury.

Le pire conseil love qu’on t’ait donné ?

Qu’on pouvait changer une personne. Quand la personne te dit qu’elle ne veut pas quelque chose de sérieux, il ne faut pas tenter de la convaincre.

Et le meilleur ?

Sûrement “tu ne peux pas aimer quelqu’un si tu ne t’aimes pas toi-même”. J’ai arrêté d’essayer de me construire à travers le regard des gens, même si c’est assez paradoxal avec le métier que je fais. À force de vouloir que l’autre guérisse toutes tes angoisses à ta place, tu ne fais plus toi-même aucun effort. Et tu ne peux pas aimer quelqu’un dont tu te sers ainsi. Alors avant tout, il faut arrêter de se détester.

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Crédit photo : Louis Lepron