Pour la 76e édition du Festival de Cannes, têtu· est allé faire le guet sur la Croisette afin de repérer les sorties cinéma queers à venir. Aujourd'hui, on vous parle du Retour de Catherine Corsini, un drame familal doublé d'un récit d'apprentissage lesbien avec la Corse en toile de fond.
Le Retour de Catherine Corsini à Cannes, deux ans après y avoir remporté la Queer Palm pour La Fracture. Dans un climat particulier puisque cette année, la réalisatrice s'est fait précéder sur la Croisette de plusieurs accusations anonymes relatives au tournage de ce douzième long-métrage présenté en sélection officielle du festival, auxquelles elle a répondu cette semaine dans Le Monde.
Pour raconter ce séjour corse d'une famille déchirée, la cinéaste a puisé dans ses propres souvenirs et douleurs, livrant un film d'une grande puissance émotionnelle. Catherine Corsini s'intéresse cette fois aux fêlures qui éloignent une mère de ses filles. Révélée dans le précédent film de la réalisatrice, l'aide-soignante devenue actrice Aissatou Diallo Sagna incarne Khedidja, une mère célibataire revenant en Corse de longues années après avoir quitté l'île. Embauchée par un couple de bourgeois dont elle doit garder les enfants, elle embarque avec elle ses deux adolescentes, Jessica (Suzy Bemba) et Farah (Esther Gohourou).
Corsini explore l'adolescence
Cet été qui s'annonce idyllique prend une allure de bombe à retardement à mesure que la vérité sur les réelles circonstances ayant poussé Khedidja à quitter la Corse sont révélées. Car les tensions montent… Mais Le Retour est une œuvre sur la réconciliation : avec les autres, mais aussi avec soi-même. Pour la cinéaste, dont le récit frôle l'autofiction, la guérison doit passer par la confrontation, qui peut être brutale par moments mais s'avère toujours utile.
Le Retour est également le portrait de deux soeurs, et à travers elles de deux adolescences. Jessica, l'aînée, aspire à faire de grandes études, quand la cadette Farah entend se construire une vie qui lui ressemble, c'est-à-dire libre et affranchie de toutes pressions. Un effet miroir un peu schématique contrebalancé par le jeu des interprètes – en particulier par Suzy Bemba (L'Opéra), qui insuffle vie et sincérité à son amourette estivale avec Gaia (Lomane De Dietrich), et dont l'homosexualité n'est jamais source de tension dramatique.
Si Catherine Corsini s'est tournée vers le passé pour nourrir son récit, elle s'est aussi associée avec la jeune réalisatrice Naïla Guiguet – à qui l'on doit l'excellent court-métrage queer Dustin – pour l'écriture du scénario. Une collaboration qui se ressent bien dans les répliques des personnages adolescents et, plus largement, dans le portrait incandescent de cette jeunesse qui ne demande qu'à vivre, sans s'excuser.
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Crédit photo : Le Pacte