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cinémaCannes 2023 : "How to Have Sex", paillettes, désirs et consentement

Par Franck Finance-Madureira le 26/05/2023
"How to have sex" a été présenté au Festival de Cannes 2023

Pour la 76e édition du Festival de Cannes, têtu· est allé faire le guet sur la Croisette pour repérer les sorties cinéma queers à venir. Aujourd'hui, focus sur l’un des films-chocs de cette édition, How to Have Sex, présenté dans la sélection Un certain regard. Premier long-métrage de la Britannique Molly Manning Walker, How to Have Sex suit le "spring break" de trois jeunes Anglaises en Crète et leur appréhensions respectives des injonctions à la sexualité. Coup de cœur ! 

Tara, Slye et Em ont 16 ans et s’envolent pour un week-end dans une station balnéaire de Crète dédiée à la fête, en mode spring break. Là, chacune va se confronter à l’éveil du désir mais surtout aux injonctions liées à ces lieux de débauche adolescente bon marché : boire (beaucoup, trop), danser (jusqu’à l’épuisement) mais surtout baiser (souvent pour la première fois). Si Skye est un peu sur la touche et qu’Em, jeune femme noire et queer, rencontre assez rapidement la compagne de vacances idéale, Tara, petite blonde survoltée et grande gueule, cache une profonde angoisse et va traverser une épreuve de l’ordre de celles qui bouleversent une vie.

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C’est sur cette dernière que Molly Manning Walker concentre son récit circonscrit à ces 3 jours (et nuits) de fête ininterrompue. Tara (interprétée par l’impressionnante Mia McKenna-Bruce, actrice depuis ses 10 ans) s’apprête, a envie de séduire, de plaire à l’un des deux garçons de l’appartement d’à côté (voire aux deux) mais la nuit et l’alcool aidant, c’est une sorte de parcours obligatoire qui déroule son programme et, elle n’y coupera pas, elle va bien baiser pour la première fois de sa vie. 

Désirs et consentement

"Je me suis souvenue de mes premières vacances entre jeunes, raconte Molly Manning Walker, et de l’impact qu’elles ont eu sur mon appréhension de la sexualité, pour moi qui me suis vite rendu compte que je ne souhaitais avoir des relations sexuelles qu’avec des femmes. La confrontation, dans cet environnement entre l’amitié féminine et la masculinité toxique était pour moi la bonne façon d’aborder la notion du consentement, pas comme quelque chose de noir ou blanc mais comme quelque chose de l’ordre de l’expérience humaine."

"Je crois qu’il devrait surtout être vu par de jeunes hommes."

Molly Manning Walker

Tara se confronte à des dynamiques contradictoires. Celle, sororale quand c’est jouable, de son trio de meilleures amies, celle de ce faux paradis de la fête sans fin et celle, plus intime, de ses doutes, de la confrontation de ses désirs au réel, aux non-choix, à la perception très différente du consentement et de la notion même de viol. "Il y avait la volonté de casser les clichés liés aux personnages, précise la réalisatrice, et c’était important de voir ces scènes, cette violence, de la perspective de Tara. Elle ne crie pas, ne pleure pas, la vie continue… Je ne juge jamais mes personnages, les jeunes hommes ne sont pas montrés comme des 'bad guys', ils sont le fruit de la société. En tant que personne queer, je pense que j’ai développé des capacités à comprendre et à accepter des personnes très différentes de moi, à ne pas juger."

Malgré ses débuts tonitruants et ses scènes de fête adolescentes comme des orgies de paillettes, le film de Molly Manning Walker se teinte petit à petit de touches plus sombres, moins éclatantes, laissant apparaître la solitude bouleversante de l’adolescente confrontée à des enjeux de vie qui la dépassent et vont l’atteindre gravement. "On me dit souvent que c’est un film pour un public jeune et féminin, explique Molly, mais je crois qu’il devrait surtout être vu par de jeunes hommes". Les scènes d’abus, dédramatisées pour mieux en comprendre la quotidienneté, comme la fin du film, sans appel, sont à couper le souffle de violence sourde. 

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Crédit photo : Condor Distribution