À l'approche d'Halloween, têtu· s'est penché sur les final girls, ces héroïnes de films d'horreur adulées par la communauté queer.
La final girl de film d’horreur est facile à reconnaître. C’est celle qui survit. Parfois, elle est la seule à échapper aux griffes du méchant de l’histoire. Jamais par hasard puisque c’est elle qui porte le coup fatal. Mais n’est pas final girl qui veut. L’héroïne en question est badass, c'est une femme forte, appréciée par la communauté LGBTQI+ qui projette sur elle son propre vécu. Pour être digne du titre, elle gagne ses galons au fur et à mesure de son aventure sanglante. Car c’est au pied du mur que le personnage se révèle, dont les terrains de prédilection sont le slasher et le survival. Dans le premier, un tueur – de préférence masqué – se lance à la poursuite de ses victimes. Dans le second, un groupe de futures victimes s’aventure au mauvais endroit, au mauvais moment. À ses risques et périls.
On ne naît pas final girl, on le devient. Il n’y a qu’à regarder Sidney Prescott, de la saga Scream, Laurie Strode, dans Halloween ou encore Nancy Thompson, dans Les Griffes de la nuit. À première vue, elle est l'archétype de la jeune femme bien sous tous rapports : populaire et docile, elle est aussi un peu naïve bien qu'elle apparaisse comme moins superficielle que ses amies. Autre caractéristique, elle n'est pas épargnée par la vie, essuie plusieurs drames – la mère de Sidney a été assassinée – et son statut de victime lui colle à la peau. Mais quoi qu'elle ait vécu, pour survivre, elle va devoir s’affranchir de son passé, et prendre le pouvoir.
La femme forte vecteur d'identification
C’est en raison de cette évolution que les hommes gays se reconnaissent bien souvent dans la final girl. Une femme forte qui va se révéler dans un milieu hostile, misogyne, où elle se retrouve dans le rôle de la proie. Vous voyez le rapport avec le fait de grandir en étant gay ? Alors oui, elle est sous-estimée, considérée comme une petite chose à protéger, mais elle résiste à la violence. D’ailleurs, elle ne se contente pas de survivre, elle ressort plus forte et grandie de son épreuve, à l'instar d'une des toutes premières d'entre elles, Jessica Bradford, dans Black Christmas en 1974.
Sortir de sa condition victimaire passe aussi par un affranchissement des codes du genre, qui se traduit souvent par un rebranding vestimentaire. Ainsi, Sidney Prescott passe des gentilles robes à fleurs à une veste en cuir bien badass. Il faut avouer qu’une bonne paire de rangers sera toujours plus pratique pour échapper à un serial killer que des ballerines. Surtout, la final girl, ne compte pas non plus sur son mec pour la protéger, se détache du regard masculin pour s’épanouir. Il faut dire que dans pas mal de scénarios, c’est lui qui essaye de la buter…
Se dresser contre l'hétéronormativité
En sortant des carcans du genre, en défiant le couple hétéronomé, les final girls deviennent également des figures féministes. Dans la suite de sagas comme Scream, Halloween, Les griffes de la nuit, les nouveaux personnages impliqués finissent d’ailleurs par leur demander conseil. La final girl transmet son savoir à la génération suivante. Évolution intéressante, Sidney Prescott apparaît pour la dernière fois dans Scream V, juste avant de passer le flambeau à plusieurs survivantes, dont Mindy, qui est lesbienne. Dans la trilogie horrifique Fear Street, c’est même l’homosexualité de la final girl qui porte l’intrigue. De quoi se délecter encore plus de de ce symbole badass.
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