Le show Starmania a repris à Paris, où il se joue jusqu'en janvier 2024 avant une tournée partout en France. La mise en scène de Thomas Jolly souligne le génie visionnaire de l'opéra-rock créé par Luc Plamandon et Michel Berger sur les réalités de notre XXIe siècle débutant.
Bienvenue à Monopolis, capitale de l'Occident. L'air y est pollué, on y vit dans des souterrains. Nous sommes en pleine campagne présidentielle, dont le favori est Zéro Janvier, inquiétant homme d'affaires d'extrême droite… Le spectacle opéra-rock Starmania a repris ce 14 novembre à Paris, à La Scène musicale, où il se joue jusqu'en janvier 2024 avant une tournée en France. Créée en 1979 par Luc Plamandon et Michel Berger, cette comédie musicale a hissé la France à la hauteur de Hair, et la nouvelle mise en scène de Thomas Jolly n'a rien à envier à Broadway.
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Starmania est avant tout un spectacle queer précurseur. On y suit Marie-Jeanne, serveuse automate à l'Underground café, interprétée par Alex Montembault. Marie-Jeanne est amoureuse de Ziggy, ce garçon pas comme les autres – comprendre : il aime les garçons – qui a eu une révélation en tombant sur un disque de David Bowie. Autre personnage queer, Sadia, travesti chante : "Si vous pouviez me voir toute nue, me voir sous toutes mes coutures, Messieurs vous ne seriez pas déçus de découvrir ma vraie nature (…) Ne m'appelez pas madame sans savoir qui je suis." Elle est la cheffe des Étoiles noires, organisation terroriste. Ici même les loubards sont maquillés : "Des gars qui se maquillent, ça fait rire les passants, mais quand ils voient du sang sur nos lames de rasoir, ça fait comme un éclair dans le brouillard…" Tout cela va mal finir.
Starmania nous parle d'aujourd'hui
La mise en scène, signée Thomas Jolly, rend justice à la modernité de l'opéra-rock qui fêtera en tournée ses 45 ans. Les chorégraphies, costumes et décors sont dingues – bravo aux équipes techniques – mais surtout, le metteur en scène venu du théâtre rehausse le show d'un de jeu époustouflant de lumières qui en fait une expérience inédite. Sans pour autant oublier la place spéciale de Starmania dans le cœur du public français : on a ainsi plaisir à entendre la voix de France Gall, inoubliable Cristal. Et le spectacle, monté par Raphaël Hamburger, fils de France Gall et Michel Berger, n'oublie pas de leur rendre hommage.
Chaque performance sur les titres inchantables du show – "Le Blues du businessman", "SOS d'un terrien en détresse" – fait mouche : le public est reconnaissant, la standing ovation finale sera longue. De nombreux parents ont emmené leurs enfants, et ils ont raison, car cette comédie musicale n'est pas seulement inscrite au patrimoine de la chanson française, elle nous parle de nos réalités en ce début de XXIe siècle : société du spectacle, catastrophe écologique, déshumanisation du monde, montée de l'extrême droite, terrorisme… Oui le monde est stone. À la fin du show, on a envie de dire à Marie-Jeanne : "Pars devant, cultiver tes tomates au soleil. On te suit."
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Crédit photo : Anthony Dorfmann