Le célèbre show de Broadway Hedwig and the Angry Inch, adapté au cinéma par John Cameron Mitchell, se joue jusqu'en juin 2024 au Café de la danse à Paris. Un spectacle jouissif qui met en scène une chanteuse trans adepte de punk-rock. têtu· a a-do-ré.
Ne cherchez plus le spectacle le plus queer de l'année, nous l'avons trouvé. Hedwig and the Angry Inch, comédie musicale punk-rock, concert, stand-up, pièce de théâtre – tout ça à la fois – se joue au Café de la danse à Paris du 20 novembre jusqu'en juin 2024 (à raison de deux représentations par mois). Ce show est l'adaptation du film éponyme de John Cameron Mitchell sorti en 2001, qui était lui-même tiré du spectacle initialement joué à Broadway à partir de 1998.
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Perruque blonde platine sur la tête, tenue glamour et paillettes partout, Hedwig est une chanteuse trans née du mauvais côté du Mur, à Berlin-Est. Elle se confie sur son enfance. Assignée garçon à la naissance, elle passe ses nuits à chanter la tête dans le four de la cuisine de sa mère. À la fin de l'adolescence, une opération bâclée la mutile (il lui reste un "bout" – an inch – de sexe masculin) puis se marie avec un militaire américain qui lui permet de s'exiler aux États-Unis. Là-bas, c'est très vite la désillusion. Elle divorce rapidement, enchaîne les petits boulots, suce beaucoup de queues et chante dans des bars miteux.
Fluidité de genre partout
Un monologue entrecoupé de chansons rock, punk ou de tendres balades qui se poursuit avec l'évocation de son premier amour : un bel adolescent qui deviendra une des plus grandes stars du rock et une véritable obsession, là où Hedwig n'est pas connue plus loin que son patelin paumé d'Amérique. L'apothéose du spectacle est un hymne à la fluidité de genre.
Sur scène, Hedwig – magnifiquement incarnée par Brice Hillairet (Molière de la révélation 2020), secondée par la chanteuse et comédienne Anthéa Chauvière qui joue son mari, Ythzak – est accompagnée de musiciens androgynes (beaux comme des dieux), les Angry Inch. Ils sont bien évidemment maquillés. On rit beaucoup, on pleure un peu. Hedwig nous bouscule par sa singularité et ses blessures qu'elle jette crument à la face du public. C'est coloré, trash (la chanteuse n'hésite pas à recracher sa bière sur le public ou à mimer une fellation sur un daddy choisi au hasard dans les gradins) et profondément jouissif pour nos cœurs queers. On ne sait plus si Hedwig est une femme ou un homme, mais elle est flamboyante, transgressive et elle a besoin d'hurler au monde qu'elle fait du rock. Punk is not dead.
Crédit photos : Grégory Juppin