LGBTphobieQuand la ligue de football confond lutte contre l’homophobie et "promotion de l’homosexualité" (sic)

Par têtu· avec AFP le 23/11/2023
Arnaud Rouger, directeur de la LFP

Entendu à l'Assemblée nationale sur la lutte contre l'homophobie dans son sport, le directeur général de la Ligue de football professionnel (LFP), Arnaud Rouger, a considéré que faire porter aux joueurs un maillot aux couleurs arc-en-ciel du drapeau LGBT+ pouvait être compris comme une "promotion de l'homosexualité". Avec des raisonnements comme ça, le foot n'est pas sorti des ronces…

"La frontière est ténue entre lutter contre l’homophobie et faire la promotion de l’homosexualité." Les mots sont d'Arnaud Rouger, directeur général de la Ligue de football professionnel (LFP), auditionné ce mercredi 22 novembre par la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur les "défaillances de fonctionnement au sein des fédérations françaises de sport". Avec le président de la LFP, Vincent Labrune, ils ont indiqué réfléchir à une opération de lutte contre l'homophobie "plus claire" que le maillot arc-en-ciel en Ligue 1. Au placard donc, le drapeau LGBT+…

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Le 14 mai dernier, au moins cinq joueurs du championnat de France ont refusé de porter ce maillot à l'occasion de la campagne "Homos ou hétéros, on porte tous le même maillot". Et Arnaud Rouger de développer : "On se pose la question de savoir de quelle manière on va continuer, les associations nous disent 'défendre la cause c'est noble, mais pas en créant un buzz négatif'". Pour certains joueurs, plaide-t-il, le message véhiculé par ce maillot "manque de clarté". D'où son idée de ne pas donner l'impression de "faire la promotion de l'homosexualité", sans que le DG explique ce que ce concept signifierait concrètement.

Chants homophobes en tribunes

Interrogé sur la multiplication des chants homophobes dans les stades, Vincent Labrune a pour sa part plaidé pour une interruption systématique d'un match "au premier chant" de ce type. "On est prêts à aller le plus loin possible, les questions de discrimination en général ça m'insupporte, les questions d'homophobie ça me rend fou", a-t-il déclaré. "Il faut interrompre la rencontre, ça me semble une bonne mesure de marquer le coup. Je n'ai pas compris pourquoi au Parc des Princes, alors que ça a duré 10 minutes, l'arbitre ne l'avait pas fait", a ajouté le président de la LFP, en référence au match PSG-OM fin septembre. Le PSG avait été sanctionné après coup d'une fermeture pour un match de la tribune Auteuil.

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"Je suis pour l'interruption systématique, mais je ne peux pas être pour l'interruption définitive, en vertu du principe de réalité, parce que si on interrompt à chaque match de manière définitive il n'y a plus de match, il ne faut pas que (les homophobes) gagnent", a précisé Vincent Labrune, ajoutant qu'il faut faire comprendre aux supporters que chanter des paroles homophobes, "c'est ringard", et "qu'ils comprennent qu'ils sont à côté de la plaque, et à côté de la société dans lesquels ils évoluent". Sur ce point au moins, nous sommes d'accord – mais peut-être faudrait-il expliquer à son bras droit que le délire sur une "promotion de l'homosexualité", c'est aussi ringard que le lobby réac.

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Crédit photo : capture d'écran Assemblée nationale