À six mois des élections européennes, la Commission de Bruxelles a annoncé vouloir débloquer près d'un milliard d'euros du plan de relance pour la Hongrie, bien que Viktor Orbán continue de multiplier les provocations à son encontre.
Tout est pardonné ? La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé ce jeudi 23 novembre vouloir autoriser la Hongrie à percevoir 900 millions d'euros du fonds de relance post-covid, desserrant l'étau qui pèse depuis deux ans sur le pays dirigé par Viktor Orbán. La décision, surprenante, doit encore être approuvée par les pays membres de l'Union européenne (UE).
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Depuis 2021, Bruxelles avait suspendu les versements à Budapest, conditionnés à des progrès en matière d'État de droit. C'est donc un virage à 180 degrés que réalise la Commission. Car non seulement l'exécutif européen veut débloquer une partie des fonds, mais elle promet même davantage en revoyant à la hausse le plan de relance (ce qu'elle a fait pour les autres pays). Ainsi, alors que la Hongrie devait toucher au total 5,8 milliards d'euros, ce sont désormais 10,4 milliards qui sont promis (6,5 milliards de subvention et 3,9 milliards de prêts). Noël en avance pour le Premier ministre Viktor Orbán : les aides prévues ont quasiment doublé (+79%) !
La Commission dit maintenir ses conditions
Une porte-parole de la Commission, Veerle Nuyts, a précisé que si l'avance de près de un milliard d'euros n'était soumise à aucune condition, il n'en sera pas de même du reste du plan de relance. Elle a justifié cette mesure par "l'urgence" de "fournir à la Hongrie et aux autres États membres les liquidités nécessaires" pour mettre en œuvre leurs projets afin de faire face à la crise énergétique liée à la guerre en Ukraine. Une situation baroque, puisque Viktor Orbán se fait en Europe l'avocat… de Vladimir Poutine, par exemple en menaçant d'opposer son veto à l'aide européenne pour l'Ukraine. Voilà donc que l'Europe se fait le pompier en Hongrie d'un feu alimenté par son propre dirigeant.
Le plan de relance est actuellement gelé tant que le pays ne fait pas des efforts en matière d'indépendance de la justice, de lutte contre la corruption et de transparence sur la passation de marchés publics. "Nous ne ferons aucun déboursement (...) tant que nous n'aurons pas constaté que la Hongrie respecte de manière suffisante les 27 super jalons (les conditions fixées par Bruxelles)", a assuré la porte-parole. Viktor Orbán ne donne aucun signe montrant qu'il est prêt à avancer, au contraire : en déplacement en Suisse ce mercredi 22 novembre, il a déconseillé au pays d'adhérer à l'UE en dénonçant une structure "pleine de bureaucrates au lieu de politiciens".
Crédit photo : Union européenne