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musique"Moi je dirais que je fais de la pop" : rencontre avec la révélation Lamarre

Par Florian Ques le 14/12/2023
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Avec Sombre, Lamarre propose une pop infusée au R'n'B et à la soul, entièrement chantée en français. Une des meilleures surprises de cette fin d'année.

Son nom de scène c'est Lamarre, et non, ce n'est pas une référence à Kendrick Lamar. Enfin… "Mes amis ont toujours adoré m'appeler comme ça parce qu'il y avait un petit côté américain, explique l'intéressé avec le sourire. Ça fait penser au rappeur mais Lamarre, c'est juste le nom de famille de ma mère. Simple et efficace." C'est avec la même attitude décontractée que le chanteur âgé de 23 ans nous accueille, installé en terrasse d'un café à deux pas du Panthéon. Heureux d'évoquer son parcours, de sa banlieue du Val-de-Marne jusqu'aux Arts Déco à Paris, et bien sûr sa musique, avec la sortie en novembre de Sombre, son tout premier EP.

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Concevoir "du son" ne faisait pourtant pas partie des ambitions premières de Xavier-Alexandre – son vrai prénom – bien qu'il ait baigné dans la musique dès son plus jeune âge. Au Kremlin-Bicêtre où il a grandi, aux portes de Paris, il écoute autant du gospel que Patrick Bruel, selon les goûts de sa mère qui l'élève seule. Si son frère aîné l'initie au rap, à travers Youssoupha ou Kery James, lui s'intéresse avant tout au dessin : "Comme je n'avais que ma mère, je devais m'occuper quand elle avait des choses à faire. Elle avait l'habitude de me mettre un bloc de croquis dans les mains et je dessinais pendant des heures".

Des arts à Lamarre

Au collège, le garçon excelle en arts plastiques. "Au-delà des dessins, je me suis mis à faire des maquettes, de la sculpture, puis ensuite de la couture", énumère-t-il. En dépit des craintes de sa mère, Lamarre est certain de vouloir poursuivre une carrière artistique. Après un cursus en arts appliqués où il étudie le graphisme et la scénographie, il fait son entrée à l'École nationale supérieure des Arts Décoratifs. "Je suis au début de ma quatrième année, il me manque encore deux ans. Pour le moment, je planche sur mon mémoire. Et l'an prochain, c'est le diplôme. Enfin, j'espère !"

"À côté de ça, j'ai toujours voulu faire de la musique, reprend-il. Mais pour rigoler, je ne me disais pas que ça allait aboutir." C'est en 2019, après avoir fait la rencontre du chanteur Elior, qui devient son ami et collaborateur, que Lamarre s'essaie à la composition d'un premier titre, "Sentiments". Puis le covid frappe :"Tout a été mis en pause, mais j'en ai profité pour écrire des textes et pour avoir vraiment quelque chose à défendre".

Laisser le temps aux étiquettes

Aujourd'hui, quand il arrive au studio, c'est souvent avec des moodboards – des patchworks de photos et de vidéos qui lui servent à préciser les émotions qu'il souhaite retranscrire dans ses morceaux. Puis les textes arrivent en général assez vite. Lamarre préfère conter les histoires des autres dans ses paroles : "J'essaie d'éviter le pronom 'je'. Ça devient tout de suite trop personnel pour moi. J'ai besoin de distance pour interpréter ce que je chante". En résultent des titres comme "Sombre décor", premier single de son EP, sur une relation passionnelle tourmentée inspirée des confessions d'une amie.

Une distance qui touche aussi sa vie intime, puisque Lamarre refuse pour l'heure de définir son orientation sexuelle. "C'est quelque chose que je veux garder pour moi, car je considère qu'il y a des personnalités plus aptes à en parler, développe-t-il. Je pense par exemple à Lil Nas X, qui fait ça très bien. C'est encore un travail pour moi. Il faut que je sois à 100% raccord avec ce que je défends et que je me sente légitime de prendre la parole. Je n'ai pas spécialement de rejet des étiquettes, elles sont importantes, mais je veux juste me laisser le temps de choisir la bonne et d'en être fier."

S'il y a bien une étiquette que Lamarre s'accole cependant volontiers, c'est celle d'artiste pop. "Quand tu es noir, quoi que tu fasses, c'est considéré comme du R'n'B ou de la musique urbaine. C'est dommage... Moi je dirais que je fais de la pop avec, effectivement, des influences R'n'B, hip hop, soul, explique-t-il, évoquant Frank Ocean comme influence majeure. À vous de trancher.

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Crédit photo : Instagram @otmanqrita