Deux ans après À tous les bâtards, Eddy de Pretto rempile avec Crash Cœur, un nouvel album où le chanteur de "Kid" parle de sa détresse face à l'état du monde et propose une solution : l'amour.
Photographie : Ben Fourmi pour têtu·
Le nouvel album d'Eddy de Pretto, Crash cœur, n'a rien d'un accident de parcours. Ces deux dernières années, le chanteur s'est lancé en totale indépendance, et a pris le temps nécessaire pour peaufiner un disque qui l'est tout autant. On ressent toute de même une urgence dans les douze pistes qui composent cet album. Face à une planète qui se noie, asphyxiée par les guerres, les injustices et la crise climatique – des enjeux sociétaux auxquels il s'était frotté sur À tous les bâtards –, il s'agit de garder la tête hors de l'eau, avec l'amour en bouée de sauvetage.
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— têtu· (@TETUmag) September 23, 2023
Amour, toujours
Sorti ce vendredi 17 novembre, Crash cœur montre un Eddy volontairement moins revendicatif. Un peu moins chargé sur le plan politique, donc, ce troisième album n'en demeure pas moins percutant. Tout simplement car le chanteur entend et vit son époque pour mieux la refléter. "Là, j'ai essayé d'emprunter un chemin différent, de parler de choses plus proches de l'émotion", expliquait notre cover boy dans le magazine de l'automne. L'émotion première est la détresse. Sur le titre "CRASH <3", il mentionne ses "petites morts quotidiennes", "les discours extrêmes, le spectacle de plus en plus fort" ou encore "l'espoir pris d'assaut et les rêves qui se meurent"…
En réponse à ce spleen existentiel, l'artiste originaire de Créteil opte pour une approche aussi radicale que la violence dont il souffre : "J'irai crasher mon cœur sur toutes ces choses-là." C'est limpide : Eddy de Pretto veut donner de l'amour et en recevoir. "Moi ce que je veux, c'est juste être aimé", entonne-t-il sur "Mendiant de love". Au gré de ses paroles, on ressent le besoin de connecter, d'être affectueux dans un monde défectueux. Le dynamisme qu'il met dans son interprétation est toujours là, mais son parler est moins brutal. Comme s'il s'était adouci par la force des choses.
Eddy s'amuse
Pour Eddy, l'amour se transmet de diverses manières. Par la célébration, notamment des icônes gays qui l'ont forgé avec son prologue "R+V". Par l'amusement, en témoigne son titre "pApA $ucre", où il fait preuve de malice en signalant chercher un "daddy" et "un peu de thunes aussi". Ou enfin par la sensualité, comme avec "eau de vie", son duo avec Juliette Armanet aux allures de ballade érotico-romantique. En définitive, c'est par un relâchement, une volonté d'être soi, une générosité que le chanteur transmet son amour.
Sur le plan mélodique, cette ère nouvelle se traduit par des sonorités beaucoup plus pop que sur ses opus précédents et une volonté de faire danser pour réchauffer les cœurs. En exemple, le très groovy "être biennn", dont l'instrumentale fait penser aux morceaux de Julien Granel, où il dit : "J'ai qu'un but dans la vie, c'est d'être bien avec moi-même."
Sur l'autoroute du succès, Eddy de Pretto continue de faire du cent à l'heure. Moins accroché à un statut de porte-parole générationnel, il se révèle plus vulnérable, davantage lui-même. "Je sais que le bonheur seul, c'est rude", déclare-t-il sur le dernier morceau de son album, "heureux :)))". Mais l'artiste est loin d'être seul : il est entouré, soutenu, acclamé par des fans qui rempliront l'Arena de Bercy en décembre 2024. Plus que jamais, il a compris qu'il était crucial de fédérer et veut volontiers jouer ce rôle de pacificateur. "Un peu de love et de tendresse, dit-il sur son deuxième single. Finalement c'est ce qui nous reste." On aurait difficilement mieux dit.
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