mondeLe Qatar accusé de détenir un homosexuel après l'avoir piégé sur Grindr

Par têtu· avec AFP le 29/02/2024
L'émir du Qatar Tamim ben Hamad Al-Thani reçu par les Macron à l'Élysée lors de sa première visite d'État en France.

L'antenne mexicaine d'Amnesty International alerte sur le sort de Manuel Guerrero Aviña, un ressortissant mexicano-britannique gay placé en détention au Qatar après s'être rendu à un rendez-vous Grindr où l'attendaient des policiers.

Voilà un sujet dont auraient pu parler Emmanuel Macron et Tamim ben Hamad Al-Thani, l'émir du Qatar, lors du dîner d'État donné en son honneur ce mardi 27 février à l'Élysée, et où étaient invités Kylian Mbappé, Bernard Arnault, Xavier Niel ou encore Nicolas Sarkozy. Le même jour, apprend-on ce jeudi, l'antenne mexicaine d'Amnesty International a lancé l'alarme sur le sort de Manuel Guerrero Aviña, un ressortissant mexicano-britannique de 44 ans et salarié de la compagnie aérienne Qatar Airways, détenu depuis le 4 février dans l'émirat où il vit depuis sept ans et où l'homosexualité est criminalisée. "Amnesty International exprime sa profonde préoccupation concernant la détention de Manuel Guerrero en Qatar en raison de son orientation sexuelle", déclare l'organisation de défense des droits humains.

Selon un communiqué diffusé par ses proches, basé sur une lettre écrite à son frère depuis sa prison, Manuel Guerrero Aviña est détenu en raison de son homosexualité après avoir été piégé sur l'application de rencontre gay Grindr, une méthode notoirement utilisée par la police dans plusieurs pays arabes pour mener la chasse aux gays. "Avec l'objectif prémédité de l'arrêter pour son orientation sexuelle, la police qatarie a utilisé un faux profil Grindr pour entrer en contact avec Manuel et l'inviter à une rencontre à Doha [capitale du Qatar], développe le communiqué. À la place, il tomba sur des policiers qui l'attendaient pour l'arrêter arbitrairement".

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Le Qatar accusé de tortures psychologiques

Lors de son arrestation, accuse son frère Enrique Guerrero, les policiers auraient caché un quart de gramme de métamphétamine dans son appartement afin de l'inculper pour possession de drogue, sévèrement punie au Qatar. Détenu dans une prison de Doha, Manuel aurait subi des tortures psychologiques. Il aurait notamment été poussé à dénoncer d'autres membres de la communauté LGBT au Qatar parmi les contacts de son téléphone, et à écouter d'autres prisonniers subir des coups de fouet, a-t-il déclaré à son frère qui a pu lui rendre visite deux fois en prison. "Il a été contraint de signer de nombreux documents en arabe qu'il ne comprend pas. Il n'a pas eu d'interprète, ni d'avocat. Les ambassades n'ont jamais été informées par le gouvernement qatari", insiste Enrique Guerrero.

Séropositif, le détenu se voit par ailleurs refuser l'accès à son traitement antirétroviral, alertent ses proches qui réclament l'intervention des autorités mexicaines. "L'ambassade du Mexique lui a rendu visite, mais nous avons besoin d'une déclaration claire et forte qui exige la libération de Manuel Guerrero", développe Enrique Guerrero auprès de l'agence France-Presse (AFP). Dans un communiqué, l'ambassade du Mexique renvoie la responsabilité de sa protection au consulat britannique, Manuel Guerrero étant enregistré au Qatar comme résident britannique. "Nous exigeons que les autorités qataries respectent les droits de toutes les personnes de la communauté LGBT", a réagi l'antenne mexicaine d'Amnesty International. Au Mexique, un "Comité Manuel Guerrero" s'est formé pour exiger sa libération.

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Illustration : photo de Ludovic Marin pour l'AFP ce 27 février lors de la première visite d'État en France de l'émir du Qatar Tamim ben Hamad Al-Thani.