La Ligue de football professionnel (LFP) a décidé d'unir sa campagne contre le racisme et celle contre l'homophobie, les 17 et 18 mai 2024, ainsi que de remplacer les maillots aux couleurs arc-en-ciel du drapeau LGBT par des symboles plus discrets. Une "meilleure stratégie" pour certaines associations, quand d'autres pointent un "recul".
Le porter ou pas ? Sur les terrains de foot, c'était devenu un marronnier du 17 mai : pour la journée internationale contre l'homophobie, la Ligue de football professionnel (LFP) demandait aux joueurs d'arborer un maillot floqué aux couleurs arc-en-ciel du drapeau LGBT+, occasionnant ces dernières années une polémique annuelle sur les joueurs qui s'y refusaient. Pour l'édition 2024, la LFP a annoncé deux changements : le couplage le même week-end de ses campagnes contre l'homophobie et contre le racisme, ainsi qu'un dispositif arc-en-ciel plus discret que le flocage et le brassard du capitaine, réduit au logo de la compétition L1 et L2 et aux poteaux de corner.
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"Notre stratégie a toujours été de lutter contre toute forme de discrimination, mais sans faire de hiérarchie", fait-on valoir à la Ligue. Concrètement, lors des rencontres de la 27e journée de Ligue 1 et de la 30e journée de Ligue 2, les joueurs arboreront un logo et des badges en noir et blanc, symbole de l'engagement contre le racisme. Les mêmes symboles seront repris pour la 34e journée de Ligue 1 et la 38e journée de Ligue 2, cette fois avec les couleurs arc-en-ciel. Avant le coup d’envoi des rencontres de Ligue 1, une bâche géante sera par ailleurs déployée sur le rond central, sur laquelle le mot "racisme" est barré au profit du mot "football". Pour la dernière journée, c'est le mot "homophobie" qui sera barré.
Recul ou stratégie utile ?
Une nouvelle stratégie de campagne qui divise. "C'est un recul", regrette Bertrand Lambert, des Panamboyz and Girls, qui annonce : "Nous avons décidé, avec SOS homophobie partenaire comme nous de la LFP depuis de longues années, de ne pas soutenir cette campagne 2024". Et de développer : "Nous sommes reconnaissants à la Ligue d'agir contre l'homophobie, mais invisibiliser les couleurs LGBT à ce point, c'est donner raison à ceux qui ont refusé de porter le maillot : ce n'est pas en retirant le thermomètre qu'on fait baisser la température."
Au contraire, pour l'association Foot ensemble, Yoann Lemaire fait remarquer qu'à force, "on ne se souvenait que des polémiques". En 2022, c'était le milieu de terrain du Paris Saint-Germain Idrissa Gana Gueye qui se faisait porter pâle lors du match de son club dédié à la lutte contre l'homophobie. La saison dernière, plusieurs joueurs avaient refusé de porter le maillot avec les couleurs LGBT. "C'est une meilleure stratégie pour apaiser le problème et avoir une chance d'emmener tout le monde dans la lutte contre l'homophobie dans le football. (…) La LFP a été maline de l'associer à la lutte contre le racisme", plaide Yoann Lemaire, qui relève : "Elle se fait taper dessus, mais elle est la seule à agir. Que font les autres pays ? Que font les autres sports ?"
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Crédit illustration : LFP