Après une nouvelle victoire et deux ceintures, la boxeuse galloise Lauren Price continue son ascension fulgurante vers la domination totale de la catégorie des mi-moyens.
Ne jamais provoquer une lesbienne, en particulier quand celle-ci a des bras de bucheron. La boxeuse galloise Lauren Price, 30 ans, a gravé son nom dans l'histoire le 7 mars au Royal Albert Hall de Londres en remportant l'ensemble des dix rounds qui l'opposaient à Natasha Jonas. Elle rafle donc les titres de cette dernière et devient championne du monde des poids mi-moyens dans trois des quatre organisations mondiales les plus prestigieuses de la boxe anglaise. Une unification qui lui a pris moins d'un an. "En entrant ici ce soir, en ce lieu, nous avons fait l’histoire, a déclaré Price avec solennité devant les caméras de Sky Sports. Mais je tiens à dire merci à [Na]Tasha. C’est une véritable légende." En effet, la Britannique Natasha Jonas, 40 ans, était jusqu'alors considérée comme la meilleure de sa catégorie et a déjà affronté des boxeuses de renom comme l'Irlandaise Katie Taylor, championne incontestée des super-légers.
À lire aussi : "Gouines", toutes différentes et toutes ensemble
Après des semaines à toiser son adversaire, à multiplier les provocations et à affoler les pronostics, Lauren Price était prête à en découdre. Malgré ses airs de chien fou qui ne tient pas en place, la boxeuse fait preuve d'un calme olympien et sait garder la tête froide peu importe le palmarès de celle qui lui tient tête. Si elle partait avec un avantage – il suffit de regarder sa musculature –, c'est la rapidité de ses coups, son infatigable jeu de jambes et ses mouvements de buste fluides qui lui ont permis de dominer. La jeune femme n'a eu aucun mal à remporter la totalité des rounds. "Je savais que Tasha commencerait vite, donc il s’agissait d’utiliser mes angles, mes feintes et ma vitesse, a-t-elle déclaré sur Sky Sports. C’est ce qui m’a permis de gagner les Jeux olympiques [de Tokyo en 2012] et c’est ce qui me permettra d’arriver au sommet en tant que pro."
Un autre défi dans le viseur
Le prochain défi de la Galloise est tout trouvé : devenir la championne incontestée des poids mi-moyens en remportant la quatrième et dernière ceinture qui manque à son tableau de chasse. Lauren Price était déjà championne de la World Boxing Association (WBA) – elle était également détentrice des ceintures de l'IBO et de Ring Magazine, moins illustres, mais tout de même. Avec sa victoire contre Natasha Jonas, elle s'est emparée de celles de la World Boxing Council (WBC) et de l'International Boxing Federation (IBF). Il ne lui manque plus que celle de la World Boxing Organization (WBO) à aller chercher pour régner en maîtresse du ring. Pour le moment, elle appartient à l'Américaine Mikaela Mayer qui doit défendre son titre le 29 mars, à Las Vegas, face à la Britannique Sandy Ryan. L'objectif de Lauren Price est clair : affronter et battre la gagnante.
Cette série d'exploits met un coup de projecteur sur la boxe féminine. Le combat entre Lauren Price et Natasha Jonas faisait partie d'un évènement 100% féminin avec en tout cinq matchs diffusés sur Sky Sports, au Royaume-Uni, une programmation rare organisée la veille de la journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Cerise sur le gâteau, il s'agissait du premier combat féminin à être la tête d’affiche du Royal Albert Hall, une salle de boxe iconique de Londres. Le dernier gros événement de boxe féminine remontait à l'affrontement entre l'Irlandaise Katie Taylor et l'Américaine Amanda Serrano, le 15 novembre 2024, mais avait été un peu effacé par le combat entre la star de la boxe Mike Tyson et le youtubeur Jake Paul lors de la même soirée. Diffusée intégralement sur Netflix pour 108 millions de spectateurs, elle est devenue l'événement sportif le plus streamé de l'histoire, ce qui a représenté du même coup de projecteur inouï pour les boxeuses.
Bravo les lesbiennes
Lauren Price est pétrie d'ambition et le montre depuis sa victoire aux Jeux olympiques de Tokyo en 2012, qui l'ont fait connaître au grand public. Elle avait profité de sa consécration pour rendre publique sa relation avec Karriss Artingstall, médaillée de bronze en poids plume. Il n'est d'ailleurs pas rare que cette dernière rejoigne sa championne du monde de meuf pour un bisou post-fight sur le ring. Une lesbienne badass qui rafle tout, que demande le peuple ? Mais elle n'est pas la première gouine à briller grâce à ses poings : avant elle, l'Américaine Christy Martin, dont la carrière s'est étendue de 1989 à 2012, a largement participé à professionnaliser la boxe féminine. D'ailleurs, un biopic sur cette légende de la discipline est en préparation avec Sydney Sweeney (Euphoria). En attentant, nous avons une nouvelle championne à aduler.
À lire aussi : JO de Paris : rencontre avec Pauline Peyraud-Magnin, fière gardienne des Bleues
Crédit photo : promoteur sportif Boxxer