mémoireLa mairie de Paris Centre dévoile une carte des lieux de mémoire LGBTQI+

Par Timoté Rivet le 26/06/2025
la mairie de Paris Centre dévoile sa carte de la mémoire LGBT

À l’occasion de la marche des Fiertés de Paris, organisée ce 28 juin, la mairie de Paris Centre publie une carte répertoriant les lieux de mémoire LGBTQI+ dans les quatre premiers arrondissements de la capitale. Un parcours historique et culturel pour réhabiliter une mémoire souvent invisibilisée.

Envie de découvrir les lieux LGBTQI+ emblématiques du centre de Paris ? Après le circuit Molière, le parcours street art de l'artiste C215 et la carte Les Femmes du Marais mise en place en 2022, la mairie de Paris Centre (qui rassemble les quatre premiers arrondissements de la capitale) révèle en ce mois des Fiertés une nouvelle initiative qui rend cette fois-ci hommage aux luttes queers. Avec cette carte des Mémoires LGBTQI+, ce sont vingt-trois monuments, plaques commémoratives ou dénominations de lieux qui sont mis à l’honneur. "Il s’agit d’une sélection d’endroits qu’on a créés ou qui existent, et qu’on souhaitait mettre en lumière", explique Ariel Weil, maire de Paris Centre. Une manière de faire connaître celles et ceux qui ont milité pour les droits des minorités et de rappeler leurs combats dans l’espace urbain. 

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Du triptyque en bronze La Vie du Christ de Keith Haring, exposé dans l'église Saint-Eustache, à la plaque en hommage à Gilbert Baker, créateur du drapeau arc-en-ciel, la carte propose un parcours historique et culturel riche. Cette plongée au sein de lieux éclectiques permet de traverser les époques, comme l’explique Ariel Weil : "On va du mémorial des deux derniers condamnés à mort en France pour délit d’homosexualité, à savoir Jean Diot et Bruno Lenoir, il y a plus de 250 ans, à des plaques commémoratives beaucoup plus récentes."

De Stonewall au premier bar gay du Marais

Parmi les espaces urbains à découvrir, on retrouve de nombreux lieux de mémoire liés aux luttes queers. C’est notamment le cas de la place des Émeutes-de-Stonewall, dans le 4e arrondissement, baptisée en mémoire au soulèvement du 28 juin 1969 à New York. Autre lieu marquant : la rue Pierre-Seel, aussi dans le 4e, en hommage au seul Français à avoir témoigné publiquement de sa déportation pour homosexualité par les nazis. En 1940, il dépose une plainte à la suite du vol de sa montre dans un parc à Mulhouse réputé comme lieu de rencontres homosexuelles. Son nom est alors inscrit dans le fichier des individus homosexuels du commissariat, et il est arrêté, déporté et torturé pendant des semaines. 

Ces lieux qui rendent hommage aux mémoires LGBTQI+ se mêlent à d’autres beaucoup plus contemporains, comme la plaque en souvenir du premier bar gay du Marais, Le Village, dévoilée il y a un mois. Car le maire de Paris Centre tient également à évoquer les lieux communautaires, qui vont au-delà de la trace mémorielle ou du symbole : "Cette carte résume la double politique mémorielle qu’est la nôtre, à savoir rendre hommage par des plaques, mais aussi célébrer le vivant et faire en sorte qu’il y ait davantage de lieux de vie. Je pense que c’est important que le nom des lieux porte la trace de combats, d’Harvey Milk à Pierre Seel, en passant par la place des Combattantes-et-Combattants-du-sida", ajoute-t-il.

Une carte pour faire “progresser l’égalité”

Plus qu’une simple carte touristique, le parcours se veut aussi pédagogique. En mettant en évidence ces lieux et ces noms souvent invisibilisés, c’est tout un pan de l’histoire qui est réhabilité et porté à la connaissance de tous. "Mon ambition est que ces endroits soient connus du grand public, quel que soit l’âge. Dans les écoles, j'espère que les élèves vont s’intéresser à ces lieux qui émergent. Mettre des plaques, des QR codes et inaugurer ces lieux, c’est leur permettre d’aller chercher cette histoire et de faire progresser l’égalité", espère Ariel Weil. 

Dans un contexte mondial où les droits LGBTQI+ sont plus que jamais menacés, cette carte apparaît aussi comme un acte militant. Une démarche assumée par le maire, soulignant que "l’inexorable progression de l’égalité des droits n’est pas suffisante, on le voit avec les actes LGBTphobes. Faire cette carte, la produire et la diffuser est un acte militant, et on espère qu’elle aura beaucoup de retentissement." Il souhaite également que ce parcours sur les mémoires LGBTQI+, pour l’instant unique dans Paris, soit étendu à d’autres arrondissements, voire à d’autres villes de France : "Je ne tiens pas à ce qu’on reste un ghetto où seul le Marais serait un espace safe. Au contraire, ce que je vois d’un très bon œil c’est que ce lieu s’étende. Donc on va continuer à étendre le domaine de la lutte, tout en gardant cette base forte dans laquelle on exprimera plus encore qu’ailleurs les visages, les histoires, les noms et les couleurs de ceux qui ont combattu." La carte est disponible en téléchargement sur le site de la mairie de Paris Centre, et en version papier dans tous les lieux municipaux. 

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