Dans une déclaration conjointe, 20 États membres de l'Union européenne appellent la Hongrie à revenir sur ses lois homophobes, et la Commission de Bruxelles à agir dans le cas contraire.
"Nous sommes profondément préoccupés par les récentes lois et amendements portant atteinte aux droits fondamentaux des personnes LGBTQI+." Dans une lettre ouverte publiée ce mardi 27 mai, 20 pays de l'Union européenne, dont la France, la Suède et les Pays-Bas, sortent de leur silence pour appeler la Hongrie à réviser la loi récemment votée qui vise à interdire toute marche des Fiertés LGBT+, en se tournant vers la Commission pour agir "rapidement" si Budapest persiste dans son homophobie d'État.
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Le respect et la protection des droits humains, y compris des personnes lesbiennes, gays, bi et trans sont "inhérents à l'appartenance à la famille européenne", réaffirment les États signataires du texte (non encore publié par les autorités françaises), qui se disent "alarmés" des atteintes aux "valeurs fondamentales de dignité humaine, de liberté, d'égalité et de respect des droits humains, telles qu’énoncées à l’article 2 du traité sur l'Union européenne", constatées en Hongrie "sous prétexte de protection de l'enfance".
La Commission européenne face à la Hongrie
En mars, l'Assemblée nationale hongroise a en effet voté l'interdiction de toute manifestation qui contreviendrait à une précédente loi homophobe, votée en 2021, censée protéger les mineurs de la "propagande LGBT". Le texte permet notamment aux autorités d'utiliser des logiciels de reconnaissance faciale pour identifier les personnes organisant ou assistant à l'événement. Dans la foulée, la majorité gouvernementale, dominée par le Fidesz du Premier ministre, Viktor Orbán (allié du Rassemblement national), a modifié le 14 avril la constitution pour y sanctuariser cette mesure.
La Hongrie doit à tout prix "réviser" cette loi, affirment les 20 États membres de l'UE dans leur missive. Dans le cas contraire, ils appellent la Commission européenne "à exploiter pleinement et rapidement les outils de protection de l'État de droit à sa disposition". L'UE gèle déjà environ 19 milliards d'euros de fonds destinés à la Hongrie dans le cadre de différentes procédures liées aux droits des personnes LGBT+, au traitement des demandeurs d'asile, ainsi qu'aux conditions de passation des marchés publics et aux conflits d'intérêt.
En décembre 2022, la Commission européenne a lancé une "procédure d’infraction" devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) contre la loi homophobe de 2021, considérant qu’elle enfreint plusieurs textes européens, notamment la Charte des droits fondamentaux. Les audiences ont commencé en novembre dernier, et l’avocat général – l’équivalent du procureur – doit rendre ses conclusions le 5 juin. À Budapest, les organisateurs de la Pride ont promis de marcher malgré tout le samedi 28 juin, et plusieurs députés européens ont prévu de se joindre au cortège.
Mise à jour le 28 mai à 12h30 : Dans la nuit du mardi 27 au mercredi 28 mai, trois pays se sont joints à la déclaration. Ainsi, l'Autriche, la Belgique, la Chypre, la République tchèque, le Danemark, l'Estonie, la Finlande, la France, l'Allemagne, la Grèce, l'Irlande, la Lettonie, la Lituanie, le Luxembourg, Malte, les Pays-Bas, le Portugal, la Slovénie, l'Espagne et la Suède sont signataires, faisant passer leur nombre de 17 à 20.
Crédit photo : Dominique Hommel / Parlement européen