Les titis parisiens d’Agnès b.
Chez Agnès b. on ne défile pas, on déambule. A l’image de son casting - un joyeux mélange de mannequins (professionnels ou amateurs), danseurs, acteurs, artistes et amis de la maison, le style Agnès b. n’est pas un concept : c’est une leçon de lifestyle à la française. Tout est donc une question de dégaine et d’allure plutôt que de tendances. La marque propose des basiques que l’on aime collectionner, des classiques à remixer à l’infini. Rien ne se perd, tout se transforme.
Cet hiver les vestes seront raccourcies, dans une recherche de confort bienvenu. Dans une saison globalement marquée par les manteaux (clés de voûte de la silhouette masculine), celui-là retient notre attention : un peacoat que l’on portera volontiers retourné, puisqu’il est doublé d’un indémodable motif pied-de-coq. Mais c’est quand elle renoue avec ses racines sportswear que la créatrice est le plus en forme. Les tenues athlétiques-chic qui ouvrent le défilé sont d’une désirabilité féroce et l’on regrette que la collection n’en compte pas davantage.
Les rock bandes de Paul Smith
La marque anglaise qui a définitivement tiré un trait sur ses emblématiques rayures bayadère vise une nouvelle fois juste. Cette collection poursuit donc le reboot engagé il y a plusieurs saison, infusant modernité et coolitude à l'homme Paul Smith. L'univers pop et joyful de la maison est toujours omniprésent: il se traduit de manière extrêmement graphique par de larges bandes colorées qui soulignent la verticalité de la silhouette sur certains manteaux et costumes. Paul Smith redonne également des couleurs à l’hiver avec des teintes franches (menthe, grenadine, vermillon) qui ne vous laisseront pas passer inaperçu dans le brouillard londonien.
Toujours plein d’humour, le créateur - fraîchement décoré d’une Légion d’Honneur, détourne les codes de la panoplie du Lord anglais. Le très classique motif cachemire est remixé : il quitte la cravate de banquier de la City pour coloniser un bon vieux jean délavé sous la forme d’écussons flashy. Ultime clin d’oeil du plus frenchie des stylistes britanniques : ces gilets bicolores zippés à col cheminée, directement empruntés aux cyclistes du Tour de France.
Mention spéciale pour la bande-son survoltée du défilé à découvrir en vidéo :
[embedyt] http://www.youtube.com/embed?layout=gallery&listType=playlist&list=UU6k08K1kUykNniiJQ47nbfA[/embedyt]
L’engagement poétique de Walter Van Beirendonck
Walter Van Beirendonck est un peu le Père Noël de la mode. Ses créations sont des surprises descendues par milliers de son imaginaire débridé, que l’on découvre toujours avec curiosité. Ne vous fiez pas aux couleurs bonbons de sa collection baptisée WOEST (« sauvage », « furieux » dans son flamand maternel). Les bombers et les vestes qui semblent donner naissance à des créatures mi-poupée mi-talisman traduisent en réalité toute la complexité et la profondeur de son travail.
D’apparence joyeuse voire naïve, cette collection se révèle être un manifeste pacifiste chargé de symboles. Le brut y retrouve le raffiné, l’organique et le synthétique s’entrechoquent à l’image des manteaux en mouton retourné dont l’envers a reçu un traitement façon vinyle. L'imprimé léopard distillé tout au long du défilé incarne le thème du sauvage tout en douceur.
Au-delà du message pertinent et personnel sur son époque, le designer belge démontre à nouveau tout son talent dans la coupe ainsi que son exigence pointue pour les tissus, prouesses de recherche et de développement. On retient enfin la poésie des colliers présentés comme des parures de visage.