L'ambassadeur des États-Unis en République Dominicaine fait l'objet d'une violente campagne de dénigrement de la part des autorités religieuses dans un pays ultra-conservateur.
Décidément, il ne fait pas bon être ambassadeur ces derniers temps. En effet, après l'ambassadeur suisse au Nigéria Eric Mayoraz en proie à l'homophobie des autorités nigérianes, c'est au tour de de l'ambassadeur des Etats-Unis en République Dominicaine James Walter Brewster d'être attaqué pour son homosexualité.
Ouvertement gay, le diplomate américain avait créé la polémique dans l'île caribéenne avant même son arrivée en 2013, en annonçant sa prise de fonction dans une vidéo sur le compte Youtube de l'ambassade... en compagnie de son mari Bob Satawake, qu'il venait tout juste d'épouser.
Depuis plusieurs semaines, c'est une photo qui suscite une véritable cabale homophobe des Églises catholique - laquelle représente 95% de la population - et protestante évangélique. On y voit l'ambassadeur et son époux en train de discuter avec des enfants devant une école. Il n'en fallait pas moins aux instances religieuses du pays pour y voir une promotion de l'homosexualité et une violation des lois du pays.
Le secrétaire de la Conférence de l'Épiscopat Dominicain (CED), le prêtre Carmelo Santana, l'a publiquement confirmé en déclarant :
Nous ne rejetons pas la personne, mais le fait qu'elle puisse avoir une influence avec un comportement négatif, comme n'importe quel délinquant. Nous savons qu'il profite de cette opportunité pour promouvoir cette conduite (l'homosexualité ndlr).
La polémique embarrasse les autorités dominicaines
Le CED a expressément demandé au président dominicain Danilo Medina Sanchez de protester auprès de la Maison Blanche. Le ministre des Affaires étrangères n'a pas encore répondu à cette demande, parlant d'un "sujet délicat" pour le gouvernement. En effet, le président est en pleine campagne pour les élections générales et présidentielles qui ont lieu cette année. Une pétition circule également pour demander à Barack Obama de rappeler son ambassadeur.
L'ambassadeur américain a quant à lui déclaré ne faire aucun prosélytisme, mais a assuré qu'il ne comptait pas céder aux pressions des autorités religieuses :
Bob et moi, nous n'allons pas nous cacher dans un placard, car nous sommes fiers de ce que nous sommes.
La société dominicaine est extrêmement conservatrice. L'Église y est très puissante, bénéficie d'une voix prépondérante dans la société et auprès des élites politiques. Un sondage réalisé en mars 2016 par l'institut CIES International, révèle que 78,7% des Dominicains n'approuvent pas la visite de l'ambassadeur américain dans les écoles du pays.
Malgré ce pourcentage très élevé, la nomination d'un ambassadeur homosexuel dans un pays fortement conservateur ne peut que susciter le débat au sein de la société dominicaine et donner une meilleure visibilité aux personnes LGBT. Évidemment, cela donne également l'occasion à certaines personnes de stigmatiser la communauté homosexuelle.
En tout cas, cette nomination par le département d'État des États-Unis n'est certainement pas le fruit du hasard. La pétition a donc peu de chance de trouver un écho favorable auprès des autorités diplomatiques américaines. En effet, le message politique adressé par cette nomination semble on ne peut plus clair : l'orientation sexuelle n'interfère en rien dans les compétences d'un individu.