L'ambassadeur suisse au Nigeria semble faire les frais de la forte homophobie qui sévit dans le pays, puisque son compagnon fait l'objet d'une enquêtes des autorités locales.
Eric Mayoraz, l'ambassadeur de la Confédération suisse au Nigeria, vit depuis plusieurs années avec son compagnon brésilien. Ce dernier l'a déjà accompagné dans plusieurs de ses missions diplomatiques, que ce soit à Madagascar ou à en Argentine, sans que cela ne pose de problème.
Depuis fin 2015, Eric Mayoraz est en poste à Abuja, la capitale du Nigeria. Son compagnon l'a suivi dans cette nouvelle affectation et aurait été présenté comme un employé de l'ambassade, au poste d'intendant. Il aurait même cherché à intégré l'association des conjoints de chefs de mission, ce qui aurait déclenché une controverse, certains des membres ne voyant pas cette demande d'un très bon oeil. Cet événement serait le point de départ de la colère des autorités nigérianes, lesquelles ne semblent que peu apprécier l'homosexualité de l'ambassadeur et l'idée qu'il puisse vivre avec un homme sur leur territoire. En effet, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères nigérian, Akinremi Bolaji, a déclaré au journal local Daily Trust :
Ils nous ont trompés parce que nous n’aurions jamais permis à une telle personne d’entrer dans le pays. Nous avons une loi, qui doit être respectée par tous. Si le [Brésilien] est coupable, il devra faire face à toute la sévérité de la loi.
Le Nigeria, un pays particulièrement homophobe
Rappelons ici que le Nigeria - pays le plus peuplé d'Afrique - condamne très fermement l'homosexualité avec des peines pouvant atteindre 14 ans d'emprisonnement. Pis encore, certaines régions musulmanes du Nord appliquent la charia, avec des condamnations allant de la flagellation à la peine de mort par lapidation.
L'ambassadeur suisse à Abuja n'a pas souhaité commenter cette "lamentable affaire" et renvoie vers le département fédéral des Affaires étrangères, qui ne souhaite pas communiquer sur "la vie privée de l'un de [ses] employés". Cependant, des voix en Suisse se sont élevées contre ce qu'elles considèrent comme une ingérence dans la vie privée d'un diplomate, et dans le libre arbitre de la Confédération de nommer le représentant de son choix.
En tout cas, il ne fait aucun doute qu'à travers son compagnon, c'est l'ambassadeur lui-même qui est visé par cette enquête, lequel bénéficie de l'immunité diplomatique. Attaquer le plus haut représentant d'un État dans son pays, avec les risques de rétention voire de crise diplomatique que cela implique, prouve à quel point l'homosexualité est taboue et condamnable pour les autorités nigérianes. Le compagnon de l'ambassadeur risque une importante peine de prison.