Les écarts dans les sondages se sont brusquement resserrés à deux jours de la primaire de la droite et du centre : François Fillon est passé de la quatrième à la troisième place et talonne dorénavant Nicolas Sarkozy.
François Fillon n'a pas eu le temps de rencontrer TÊTU dans le cadre de sa campagne pour les primaires de la droite et du centre, contrairement à Nathalie Kosciusko-Morizet et à Bruno Le Maire. Il faut dire que le candidat, ancien Premier ministre du président Nicolas Sarkozy, est le plus opposé (avec Jean-Frédéric Poisson) à l'égalité des droits partiellement acquise durant le quinquennat de François Hollande. Selon un sondage OpinionWay pour Atlantico, il obtiendrait dimanche le même score que Nicolas Sarkozy (25%), derrière Alain Juppé (31%). Il les battrait l'un comme l'autre au second tour, devenant le candidat Les Républicains à la présidentielle de 2017.
Officiellement soutenu depuis le 1er septembre par Sens commun, mouvement issu de la Manif pour tous qui compte par-dessus tout réécrire la loi Taubira, François Fillon a pris à bras-le-corps cette revendication en opérant plusieurs sorties anti-PMA (comme tous les autres candidats à l'exception de Nathalie Kosciusko-Morizet qui prône dorénavant son ouverture aux couples de femmes) et anti-mariage pour tous (aucun candidat ne veut revenir sur la loi à part Jean-Frédéric Poisson, qui souhaite l'abroger, et lui). Son programme pour les questions LGBT tient en trois points : réserver l’adoption plénière aux couples hétérosexuels, limiter l’accès à la PMA aux couples stériles et interdire la gestation pour autrui - qui n'est pourtant pas autorisée et ne figure officiellement pas dans les revendications des associations LGBT.
Embarras transformé en avantage
Alors qu'il avait pris acte du soutien de Sens commun de manière assez tiède au mois de septembre, François Fillon a opéré un changement de tactique à mesure que l'échéance du premier tour de la primaire approchait. Les autres candidats ayant délaissé la plupart des revendications de la Manif pour tous, extrêmement influente durant les débats sur le mariage pour tous en 2012-2013 mais qui peine depuis à mobiliser, il a multiplié les appels du pied à l'électorat catholique conservateur qui ne se reconnaît pas dans Jean-Frédéric Poisson (président du Parti Chrétien-Démocrate, fondé par Christine Boutin et trop peu influent) ni dans les autres candidats à leurs yeux trop libéraux sur les questions de société.
De son côté, Alain Juppé est soutenu par le député Hervé Mariton, l'un des principaux opposants au mariage pour tous durant les débats. Le maire de Bordeaux a fait savoir que son opposition à la loi Taubira constituait un point de désaccord, mais il a récemment rencontré la Manif pour tous selon les informations de la journaliste Camille Girerd de l'émission C politique sur France 5. Bruno Le Maire, qui s'était abstenu lors du vote du mariage pour tous, a tenu tête aux militants de la Manif pour tous en promettant que la loi Taubira était dorénavant un acquis, mais il demeure farouchement opposé à la PMA.
Une querelle des Anciens et des Modernes
Si les commentateurs et les électeurs ont du mal à départager les candidats sur certaines questions économiques ou internationales, il semble que la posture de lutte pour ou contre les droits LGBT soit bel et bien (re)devenue un argument de vote. François Fillon se situe résolument du côté côté conservateur quand Nathalie Kosciusko-Morizet a pris le parti de défendre les minorités en ouvrant la PMA aux couples de femmes et en adoptant un ton "moderne" que d'aucuns jugent fabriqués. Pour rappel, elle s'était abstenue lors du vote du mariage pour tous en 2013. Hier, lors du dernier débat de la primaire diffusé sur France 2, elle a pourtant prononcé un mot qui ne fait habituellement pas partie du langage des candidats de droite : "Ce qui était détestable dans les propos de Donald Trump l'est toujours. Le sexisme, le racisme, l'homophobie ne sont pas plus acceptables parce qu'il a été élu président. Il a été élu, on va devoir travailler avec lui, mais ça ne nous oblige pas à lui ressembler."
Pour rappel, François Fillon possède en outre un impressionnant CV dans la lutte non seulement contre l'égalité des droits mais encore contre l'homosexualité : vote contre la dépénalisation de l'homosexualité en 1982 (oui, il y a 33 ans), opposition au Pacs puis au mariage pour tous. De leur côté, les LGBT n'ont toujours ni l'impression d'être Anciens ni celle d'être Modernes.
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