Les assos LGBT se rejoignent sur un point : aucune ne souhaite la victoire de Marine Le Pen. En revanche, certaines refusent d'appeler explicitement à voter Emmanuel Macron.
L'Inter-LGBT est au cœur d'une polémique après avoir appelé à faire barrage au Front national sans encourager clairement au vote En Marche !, à l'inverse de SOS homophobie, par exemple, qui mentionne le nom d'Emmnanuel Macron. Le communiqué de presse, diffusé quelques jours après les résultats du premier tour, était lapidaire :
En 2002, la présence du Front national au second tour fut un choc. Cette fois‑ci, bien que pressenti, son score en hausse le rapproche de l’Élysée. La progression et la banalisation de l’extrême droite sont très inquiétantes. C’est pourquoi l’Inter-LGBT appelle à se mobiliser massivement dès maintenant pour battre les idées du Front national et protéger nos valeurs d’égalité et de justice ainsi que toutes les minorités. Pour l’Inter-LGBT, pas une seule voix ne doit aller à Madame Le Pen.
Plusieurs personnes ont pointé sur les réseaux sociaux l'absence du nom d'Emmanuel Macron, en appelant même parfois à boycotter la Marche des fiertés organisée par l'interassociative chaque année à Paris (la prochaine aura lieu le 24 juin 2017). Pour Clémence Zamora-Cruz, sa porte-parole, "l'Inter-LGBT est apartisane. Nous devons rester neutres mais pas passifs. Notre rôle est d'éclairer le vote. À ce titre, notre questionnaire permettait de comprendre les enjeux de l'élection. Nous n’avons d'ailleurs pas envoyé le questionnaire au Front national, car ce n’est pas un parti comme les autres. Il met en danger les acquis des personnes LGBT."
Ces débats ont notamment conduit des élus ainsi que des personnalités du monde associatif, dont l'ancien président de l'Inter-LGBT, Jérôme Beaugé, à cosigner une tribune parue sur notre site et qui appelle clairement à voter Emmanuel Macron, ce qui "n’est aucunement un acte d’adhésion à son programme libéral [mais] un acte de résistance contre le Front national, contre le fascisme, contre l’atteinte aux libertés, contre la remise en cause de la République et de l’État de droit. Contre la haine, notamment la haine anti-LGBT+." Ce jeudi 4 mai, l'Inter-LGBT a envoyé un autre communiqué qui s'engage un peu plus sur le chemin de la consigne de vote en appelant à voter "massivement le 7 mai prochain pour l’adversaire du Front national".
La France insoumise à l'origine des débats ?
L'interassociative, qui avait statué bien avant le premier tour, semble aux yeux de certains adopter la conduite d'un Jean-Luc Mélenchon qui, après le très bon score de La France insoumise au premier tour de l'élection présidentielle, a choisi de ne pas donner de consigne de vote. Une consultation réalisée sur le site du candidat éconduit montre à quel point la question du vote blanc, de l'abstention ou du vote Emmanuel Macron divise la gauche.
Pour Jean-Charles Lallemand, chargé des questions LGBT auprès de Jean-Luc Mélenchon, les appels au vote Macron sont "inefficaces". "Quand on voit les sondages sur l’électorat de Benoit Hamon, 5% va voter Le Pen, 20% va s’abstenir. Chez Fillon, 25% va voter Le Pen. Alors que les candidats se sont très clairement positionnés pour Emmanuel Macron. On ne peut plus diriger l’opinion. Il faut se concentrer sur les valeurs". Et de critiquer la position d'Emmanuel Macron : "Autant Chirac avait accepté son rôle de rempart républicain, autant Macron ne reconnait qu’un vote d’adhésion".
Jean-Charles Lallemand nuance aussi l'idée d'un "vote LGBT" :
On connaît ce chiffre de 30% des couples gays mariés qui ont voté Le Pen aux dernières élections. Il n’y a donc pas un électorat LGBT qui se positionne clairement contre le Front national. Et ce n’est certainement pas en donnant des consignes qu’on peut agir sur les consciences.
Couverture : Lancement de la Marche des fiertés parisienne 2015 - Crédit photo @interlgbt/Instagram