Des fils d'actualité au tapis rouge du festival de Cannes, les célébrités françaises ajoutent leur voix à la condamnation de la purge anti-gay.
Figure d'espoir ou gage d'humanisme, la société civile française n'a pas attendu les réactions tardives du gouvernement pour s'indigner face au sort des gays tchétchènes. Dix jours après que d'effroyables trio détention-torture-assassinat ont été rendu public par le journal russe Novaïa Gazeta, ils sont déjà plusieurs centaines à battre le pavé place de la République à Paris et ailleurs. Alors que les langues se délient pour condamner ce génocide - plusieurs associations LGBT françaises ont en ces termes saisi la Cour pénale internationale - un nouveau combustible alimente l'effort général.
#StopLGBTpersecution fleurit sur les réseaux sociaux
Un kit média, un auto-portrait, et c'est tout un symbole qu'on draine avec soi... L'Anti-Discrimination Center (ADC) Memorial, le Center for Civil Liberties et la Fédération internationale des droits de l'homme ont lancé le 17 mai 2017, Journée mondiale de lutte contre les LGBTphobies, une campagne de dénonciation des persécutions en Tchétchénie mais aussi dans le Donbass, zone à cheval sur les régions ukrainiennes du Luhansk et du Donetsk, où les homosexuels sont également victimes d'une homophobie dévorante. À la manière de #BringBackOurGirls, et des autres mouvements humanistes qui ont fleuri ces dernières années, les trois ONG ont misé sur la viralité et l'instantanéité des réseaux, mais aussi l'aura des célébrités.
For the #InternationalDayAgainstHomophobia join the campaign #StopLGBTpersecution in CHECHNYA and DONBAS https://t.co/J3VVpCjmih pic.twitter.com/Kc8VgjgFMB
— FIDH (@fidh_en) May 17, 2017
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Le comédien ouvertement bisexuel Lambert Wilson, l'humoriste Micheal Youn, le chanteur Christophe Willem et le mannequin Estelle Lefébure ont déjà offert leur visage à la campagne aux côtés de la chanteuse et actrice Jane Birkin, de l'écrivain Jonathan Littell (lauréat Goncourt 2006), du réalisateur russe Vladimir Mirzoev et de son compatriote, le poète Lev Rubinstein. Plusieurs eurodéputés, à l'instar des vice-présidentes du Parlement européen Sylvie Guillaume et Ulrike Lunacek, de Pier-Antonio Panzeri (président du sous-comité des droits de l’Homme), d'Ian Duncan (vice-président de l’intergroupe sur les droits LGBTI), et d'Heidi Hautala (vice-présidente du groupe politique des Verts/Alliance libre européenne), et d'autres internautes ont également répondu à l'appel.
"Nous étions très émus de recevoir le soutien de Lana Estemirova, fille de la défenseur des droits humains tchétchène Natalia Estemirova, assassinée en 2009 en Tchétchénie, tout un symbole", nous confie Coline Maestracci, l'une des activistes d'ADC Memorial à l'origine de l'action.
Lana Estemirova: "The rule of terror must stop and the perpetrators have to face justice as soon as possible!" #StopLGBTpersecution pic.twitter.com/0EapOAXe1T
— adcmemorial (@adcmemorial) May 18, 2017
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La terreur doit cesser et les responsables doivent être traduits devant la Justice le plus vite possible.
"L'objectif est d'apporter un soutien moral aux victimes en leur montrant que la société civile se mobilise et tente de briser l'isolement dans lequel ils sont. Il s'agit aussi de ne pas relâcher la mobilisation et de faire en sorte que ces persécutions ne retombent pas dans les oubliettes aussitôt l'effet d'annonce passé. C'est enfin mettre en lumière des régions où l'homophobie est très présente mais qui sont pourtant mal connues ou méconnues."
Urgence Tchétchénie : la mobilisation par Facebook
Ailleurs sur la toile, Urgence Tchétchénie gagne du terrain. S'auto-définissant comme "un mouvement civil et citoyen" ayant pour but de venir en aide aux LGBT tchétchènes mais surtout de "mobiliser l'opinion publique" et d'"interpeller nos dirigeants politiques", Urgence Tchétchénie a été lancé à l'initiative de Guillaume, comédien et metteur en scène parisien. À Néon Mag, il expliquait le peu d'efficacité réelle des visas humanitaires proposés par certains pays - car ils exposent l'orientation sexuelle des demandeurs - et réfléchissait à d'autres manières d'extrader les LGBT en danger. Pour élargir son audience, le mouvement a trouvé en la comédienne Camille Cottin (La Connasse, Toute première fois, Dix pour cent) et le chroniqueur et humoriste Vincent Dedienne, ses figures de marraine et parrain.
Dans un message Facebook, ce dernier a notamment justifié son engagement par la présence "bienvenue" de "l'homophobie la plus crasse (...) en prime time à la télévision", faisant ainsi référence au sombre canular téléphonique réalisé par Cyril Hanouna le 18 mai 2017 : le lendemain de la Journée de lutte internationale contre les LGBTphobie, l'animateur au 1,5 millions de téléspectateur quotidien avait piégé plusieurs homosexuels en direct, grâce à une fausse annonce sur un site de rencontre.
Des paillettes de Cannes aux pancartes d'Act Up
Profitant de l'éclairage médiatique sur la croisette, les membre du jury de la Queer Palm, le prix LGBT du festival de Cannes cette année présidé par le réalisateur Travis Mathews, ont posé sur le tapis rouge menant à la projection de 120 battements par minute munis de pancarte dénonçant le sort des gays en Tchétchénie. Marquée du célèbre triangle rose d'Act Up, auquel s'intéresse le film, celles-ci criait en majuscule : "Silence = Mort", "Unis", "Encore ?!", "Plus jamais", "Assez" et "Tchétchénie".
[Daily Cannes] 120 battements par minute, colis suspect, et une montée des marches militante https://t.co/SwqkDcWYGz #cannes2017 @queerpalm pic.twitter.com/0uHgXYB0JQ
— ECRAN NOIR (@ecrannoir) May 21, 2017
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Ce long-métrage de Robin Campillo, sélectionné à la dernière minute par le festival et centré sur l'émergence de l'association de lutte contre le sida à Paris au début des années 1990, met justement la lumière sur l'action nécessaire des militants lorsque les pouvoirs piétinent.