Nouveaux venus au sein de la Marche des fiertés parisienne, un cortège défilera sous la double étiquette "EM" et "LGBT+". Explications avec l'une des personnes à l'origine du mouvement.
On a identifié très tôt, avant la polémique des "humiliés", que les sujets LGBT seraient abordés lors de la campagne présidentielle, et on a voulu faire en sorte qu'ils soient pris en compte. D'autant qu'à ce moment-là, En Marche offrait beaucoup de liberté à ses militant pour porter le projet d'Emmanuel Macron.
C'est à travers une page Facebook, que "LGBT - En Marche" fait une première apparition sur la scène publique, au mois de janvier 2017. Face à Emmanuel Macron en route pour l'Elysée, plusieurs anonymes, militant·e·s et même président·e·s d'associations LGBT se réunissent sous l'égide d'EM :
À la base on voulait juste communiquer sur le programme d'Emmanuel Macron pour les personnes LGBT, car plein de gens pensaient qu'il n'y avait rien. On fait de la veille, on fait remonter certaines infos et notamment les critiques faites sur certaines investitures ou nominations au gouvernement.
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Dans le cadre des législatives, le mouvement organise aussi un événement sur les questions liées à l'orientation sexuelle et l'identité de genre. Plusieurs invitations, dont certaines restent lettre morte, aboutissent à une discussion entre des représentant·e·s En Marche, des personnes de la société civile et des activistes LGBT. "Ça n'était pas du tout un échange partisan mais une discussion sur ce qu'il reste à faire, car même si on soutient le programme d'Emmanuel Macron, on sait, en tant que militant, qu'on peut toujours aller plus loin."
"Pourquoi devrait-on avoir honte de défiler demain ?"
Samedi 23 juin, lors de la Marche des fiertés parisiennes, "LGBT - En Marche !" aura son propre cortège grâce à l'argent de ses bénévoles, et non pas celui d'En Marche qui, "bien qu'ils connaissent le mouvement", ne le finance pas. Ses membres, et ceux·celles qui souhaitent les rejoindre, marcheront à pied "pour des raisons écologiques et symboliques", sous un ballon d’hélium à leur logo. Ça sera pour certain·e·s la toute première Pride, mais face aux invectives reçues sur le web, les organisateurs du cortège ont dû prendre en compte tous les risques :
Je comprends que des gens soient contre certaines personnalités du mouvement, mais je ne comprends pas pourquoi des gens qui ont déjà œuvré pour l'égalité des droits devraient avoir honte de défiler demain alors qu'ils y ont toute leur place. On voulait absolument être présent car contrairement à ce qui est dit, il y a des personnes qui oeuvrent pour l'égalité des droits chez En Marche, il y a des LGBT qui ont voté pour Macron.
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Pour autant, le mouvement reste pendu aux lèvres de la République en Marche qui, en vue de devenir parti politique, organisera cet été son premier congrès fondateur.
La grande question c'est : comment En Marche voit les mouvements citoyens en son sein, s'ils ont vocation à rester, à être intégrés, à disparaître... En fonction de ça, on sera une force d'opposition ou de soutien.
Si leurs détracteurs accusent une stratégie dissimulée, "LGBT - En Marche", qui définira ses propres contours lors d'une réunion organisée au lendemain de la Marche, insiste à l'inverse sur sa position citoyenne et militante : "Si l'issue du Congrès ne nous est pas favorable, on continuera d'intervenir dans le cadre d'autres structures", garantit notre interlocuteur·rice (qui tient à garder l'anonymat).
Couverture : Marche des fiertés LGBT de Paris 2015