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Jim Hutton : le grand amour secret de Freddie Mercury

Par Jérémy Patinier le 05/07/2017
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Deux ans après leur rencontre, Jim Hutton emménage avec Freddie Mercury. Leur amour durera jusqu'à la mort du chanteur de Queen.

Si aujourd’hui, tout fait de lui une icône gay absolue, ce n’était pas vraiment le cas de son vivant. Malgré le travestissement du clip I want to break free, l’über-mensch de ses concerts, sa moustache so gay, Freddie Mercury est resté au placard. Comme son amour pour Jim Hutton. Mais des photos récemment révélées de leur intimité laissent à penser que les belles histoires n’ont pas besoin des projecteurs pour refléter la lumière…

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Bohemian Rhapsody

Il faut se replacer dans le contexte : les relations sexuelles entre homosexuels de plus de 21 ans n’ont été décriminalisées au Royaume-Uni qu’en 1967. Grandir dans la honte et le secret marque au fer rouge, mais l’on n’échappe pas à ses sentiments… Selon Tim Rice, son parolier sur l'album solo Barcelona, Freddie Mercury avait glissé un message dans l'introduction de la chanson Bohemian Rhapsody, sortie en octobre 1975, et dont il s'est écoulé 2,5 millions de disques pour la seule Angleterre. "Maman, je viens de tuer un homme, j'ai mis un pistolet contre sa tête. J'ai appuyé sur la détente, maintenant, il est mort." Ces paroles ne seraient ni plus ni moins que le coming out du chanteur. Il expliquait dans une interview au Daily Mail : "Quand il chante 'Je viens de tuer un homme', il veut dire qu'il a tué l'ancien Freddie, son ancienne image. Il explique que lui, que son ancienne personnalité hétérosexuelle est morte. Il a détruit l'homme qu'il essayait d'être et maintenant, c'est bien lui qui essaie de vivre avec le nouveau Freddie."

Pourtant, en 1986, la biographe du chanteur de Queen, Lesley-Ann Jones, qui avait pressenti cette confession, avait soumis l'hypothèse au chanteur. Il avait éclaté de rire, puis, après un silence, lâché : "Ce n'est pas encore le moment !" Il l’assumera pourtant en privé, auprès de sa compagne Mary Austin, avec qui il reste cinq ans dans les années 70, puis progressivement, avec la libération des mœurs auprès de ses amis et collègues, puis de club en club, de bouches en bouches, d’amants en amants… Il est ironique de noter qu’après avoir si longtemps tenté de cacher son orientation sexuelle, il soit devenu la caricature visuelle du gay moustachu des années 80, qui n’aurait dénoté ni dans l’univers de Tom of Finland, ni dans les groupes plus assumés comme Village People ou Franky Goes to Hollywood.

Freddie et Jim, sept ans d'amour

Freddie commence à fréquenter le coiffeur irlandais Jim Hutton au milieu des années 1980, mais le début est difficile pour le chanteur. Il tente plusieurs fois des approches dans un club, à chaque fois infructueuses. Jim ne sais pas vraiment qui est ce "Freddie Quelque chose", comme il l’appellera… Il n’est pas encore l’énorme star qu’il est en train de devenir. Ce n'est que lorsque les deux hommes se "croisent" une troisième fois au même endroit (environ deux ans après la première tentative) que la persévérance de Mercury paye. "Freddie était mince, pas le genre d'homme que je trouvais attrayant", écrira Jim dans Mercury and me, ses mémoires. Mais "quand il avait envie de sexe, il n'y avait pas moyen de l'arrêter", dira-t-il aussi. Le genre de livre que font les amants secrets pour maintenir leurs histoires d’amour dans la lumière. Jim emménage à Garden Lodge avec Freddie environ deux ans après leur rencontre, et restera avec lui jusqu'à la mort de l'artiste en 1991. Leur amour durera 7 ans.

Jim est le fils d’un boulanger irlandais catholique et le septième de 10 enfants, élevé en HLM, et qui a quitté l'école dès ses 16 ans. Pourtant, il dit ne pas avoir été impressionné par Freddie, qui a généré plus de 1 milliard de livres sterling… Il sera le coiffeur de la star, bien sûr. Mais aussi son jardinier, et surtout son infirmier, vers la fin. Freddie n’était pas du genre star prétentieuse. Il donnait tout à son public, puis rentrait à la maison, s'asseyait devant la télévision, et menait une vie de couple normale. Malgré ce que l'on pourrait penser, Jim assure que Freddie n’a jamais eu de comportement de diva en privé : "Nous n'avons jamais discuté de tout ce qui s'était passé avant notre rencontre. Pas des copines précédentes, ni de l’enfance, de rien." Et les drogues? "Il ne prenait pas de cocaïne tous les soirs", avouait Jim…

Et d'ajouter : "Je lui faisais souvent les gros yeux. Mais nous nous sommes surtout donné de l'amour. On ne se battait pas, c’était juste des combats verbaux. Il se vengeait parfois par le silence - la dernière fois ça a duré plus d'une semaine. La nuit avant la Saint-Valentin, nous avons eu une grosse dispute - je ne sais même plus pourquoi - et il s’est tu. Je lui ai offert trois douzaines de roses «blue moon». Je les lui ai amenées au lit où il était avec une tasse de thé et deux donughts - un pour lui et un pour son chat, Delilah. Il a juste grogné… Freddie était sensible, timide, il avait de terribles sautes d'humeur, et il voulait que ça se passe comme il l’entendait… Je suis plutôt calme et je n'ai pas beaucoup de personnalité… sauf après quelques bières." Cette tempérance aura certainement raison de lui dans la bataille finale qui l’opposera à Mary, l’ex-petite amie devenue assistante très personnelle de Freddie…

Who wants to live forever ?

Jim et Freddie vivent des jours heureux, se fiancent, en parlent à la presse… Ils partent en "lune de miel" au Japon… Juste avant, Freddie avait fait un test VIH, par précaution…. Alors que des rumeurs courent déjà sur son compte dans la presse, les résultats – positifs – arrivent dans les rédactions en avril 1987. Harcelé, même à leur retour à l’aéroport, Freddie nie, il a le VIH mais pas encore le sida… A cette époque, les effets sont dévastateurs, la maladie gagne très vite le chanteur. Il fait sa dernière apparition publique aux Brit Awards le 18 février 1990, visiblement très atteint.

Freddie annonce assez vite à Jim qu’il a le sida, mais les deux n’en reparleront jamais. Même au sein du couple, cette maladie reste tabou. "C'était sa croix et il voulait la porter comme il l'avait choisi, sans m'en faire porter la charge. Si le sujet survenait à la télé, on éteignait." En plus de la maladie, Mercury est meurtri du stigmate qui est attaché au sida. Jim est à son tour testé positif au VIH en 1990, mais choisit de ne pas le dire à son amant. "Il avait déjà assez à faire… A l’annonce du résultat, je suis juste allé dans le jardin, et j’ai commencé à tout désherber comme une folle."