cinémaSorties ciné : "Whitney", l'émouvant docu sur Whitney Houston et une romance marseillaise

Par Renan Cros le 04/09/2018
Sorties ciné

TÊTU vous propose une sélection de films à ne pas rater au cinéma. Au programme cette semaine : un documentaire émouvant sur l'icône Whitney Houston et une passion amoureuse marseillaise digne de Roméo et Juliette...

« Whitney » de Kevin McDonald

A quel moment s’est-on habitué à voir nos idoles disparaître ? Documentaire mausolée sur Whitney Houston, star montante de la pop des 1980’s sanctifiée en diva amoureuse en 1992 par le classique « Bodyguard » (oui, oui, classique, on insiste), « Whitney » chope évidemment et immédiatement par les sentiments. Imparables madeleine proustienne et pop, les images d’archives font remonter à la surface une époque si loin, si proche, qui, au-delà de filer un sacré coup de vieux, donne à la trajectoire de la chanteuse des airs d’inexorable gâchis.

Plus à distance que le très beau « AMY » d’Asif Kapadia, « Whitney » cherche à mettre des images et des mots sur le tragique qui se tramait derrière les tubes et le glamour. Ce qui se présente au départ comme un documentaire nostalgique efficace (mais plutôt anecdotique) devient en fait une enquête déchirante sur la détresse d’une femme victime des siens.

Sorties ciné : "Whitney", l'émouvant docu sur Whitney Houston et une romance marseillaise
Whitney Houston : "We will always love you"

Sans jamais faire de la chanteuse un modèle ou une martyre, le film expose ses blessures et met à jour quelques-uns des secrets, comme lorsqu'il fait allusion à la bisexualité de l'interprète de « I Wanna Dance with Somebody (Who Loves Me) ». Si, parfois, il frôle le voyeurisme people, le documentaire maintient le cap en ayant l’intelligence de croiser ce parcours intime avec la dimension symbolique de la pop star. Ainsi, « Whitney » rappelle le poids supporté d’être la plus grande chanteuse noire américaine des 80-90 et ce que cela pouvait impliquer parfois comme compromissions, dissensions ou questionnements.

Cette double direction donne au film sa structure et sa tenue. Mais sa réussite tient surtout à l’ultime élégance de savoir rendre les armes face à la voix de Whitney. L’entendre sur grand écran file des frissons. Larmes aux yeux et questionnements politiques : « Whitney » assure définitivement le show avec classe.

« Whitney », documentaire de Kevin Macdonald. 2 heures. En salles à partir du mercredi 5 août.

« Shéhérazade » de Jean-Bernard Marlin

Après le choc « Sauvage » (toujours en salles), Shéhérazade confirme la vitalité électrique du jeune cinéma français. Polar amoureux avec l’accent, le film raconte le coup de foudre d’un jeune délinquant pour une prostituée des quartiers de Marseille.

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Croisant l’insolence juvénile de ses personnages avec la noirceur du monde des adultes, le réalisateur Jean-Bernard Marlin dope au romantisme le plus échevelé, le naturalisme attendu de la chronique des quartiers. L’alchimie osée prend immédiatement grâce à l’implication dingue de ses deux acteurs principaux, Dylan Robert et Kenza Fortas, merveilleux couple de cinéma. Quelques part entre un jeune Sean Penn et un James Dean 2018, Dylan Robert dévore l’écran. Kenza Fortas impose, elle, une assurance et une puissance qui détournent son personnage des clichés.

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« Shéhérazade » : Bad Romance...

Les voir s’observer, s’aimer, se courir après dans les rues avec une telle énergie produit une sensation d’urgence et d’absolu contagieuse. A l’instar du film de Camille Vidal-Naquet, la manière dont le réalisateur remet du romanesque fou là où la société ne voit plus que des faits divers est un grand geste de cinéaste. Une façon par le cinéma de ré-éclairer le regard et d’offrir à une génération, écrasée par les images des JT, des histoires plus grandes que la vie.

« Shéhérazade » de Jean-Bernard Marlin avec Dylan Robert, Kenza Fortas. 1h52 sort en salles également ce mercredi 5 août.

 

Crédits photos : ARP Selection/Ad Vitam.