tribuneLGBTphobies : "Combien de morts pour déclencher enfin une action politique digne de ce nom ?"

Par Alexandre Urwicz le 22/10/2018
LGBTphobies

Environ 3.000 personnes se sont rassemblées contre les LGBTphobies, ce dimanche 21 octobre à Paris. A travers cette tribune, Alexandre Urwicz, président de l’Association des familles homoparentales (ADFH), somme à son tour les pouvoirs publics de réagir afin d'y mettre fin.

« A l’heure où plusieurs milliers de personnes LGBT+ se sont réunies place de la République ce 21 octobre 2018, de nombreuses demandes ont été formulées afin d’obtenir des mesures concrètes pour lutter contre les actes homophobes, transphobes, biphobes et les violences faites aux personnes intersexes. Des soutiens financiers aux associations, une meilleure prise en compte des plaintes déposées auprès des services de police ou de gendarmerie, une campagne nationale de sensibilisation, autant de propositions que d’associations représentées en tribune. En ce domaine, le travail des associations est remarquable mais il ne saurait être ni la rustine, ni la caution des pouvoirs publics négligents et amnésiques.  

A LIRE AUSSI : Stop aux LGBTphobies : des milliers de manifestants à Paris après une vague d’agressions

« L’impunité verbale fracasse aussi les personnes LGBT+ »

Alors si nous regardions ailleurs ? Non pas au niveau du traitement de ceux qui commettent ces agressions ignobles, mais au niveau de ceux qui, par leur silence, leur inaction, leur manque de courage politique, permettent d’asseoir ces comportements haineux dont l’impunité verbale fracasse aussi les personnes LGBT+.

Tant qu’un pays ne mettra pas à égalité de droits tous ses citoyens, quelle que soit leur orientation sexuelle, il cautionnera un regard différenciant sur les personnes LGBT+. Ce regard peut conduire au discours haineux et au passage à l’acte.

Lorsqu’on dit aux homosexuel-le-s : vous ne donnerez pas votre sang dans les mêmes conditions que les hétérosexuels, vous n’accèderez-pas au progrès de la science procréative pour faire des enfants, vous ne serez pas reconnus parents comme le sont les parents hétérosexuels, vous n’aurez pas les mêmes congés de parentalité, vous ne validerez pas les mêmes trimestres retraite supplémentaires liés à l’éducation des enfants,…, que fait-on ? On trie les citoyens entre eux, on montre qu’au seul regard de leur orientation sexuelle certains sont privilégiés et d’autres sont des sous-citoyens avec moins de droits et autant de devoirs.

A LIRE AUSSI : « A toi qui, parce que tu es lesbienne, trans’, bi ou gay, ne vivras jamais complètement en sécurité »

« L’égalité des droits n’est pas un débat »

S’attaquer à la source des LGBTphobies, c’est avoir une exigence : celle de garantir à tous les citoyens, à tous les enfants, que nous naissons et demeurons libres et égaux en droits, comme le rappelle la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Alors on peut bénéficier de ministres, de députés, de responsables politiques compatissants, on peut nous porter une attention bienveillante, on peut trouver les mots justes et réconfortants pour les victimes. Mais nos responsables politiques doivent surtout prendre les devants et agir pour appliquer l’égalité des droits, sans attendre, sans tergiverser. L’égalité des droits n’est pas un débat, c’est un principe républicain soumis à la volonté d’agir du politique.

Combien de morts, combien de visages tuméfiés devront s’afficher sur nos écrans pour que cette prise de conscience déclenche enfin une action politique digne de ce nom ? »

Crédit photo : SOS Homophobie.