Le candidat d'extrême droite, Jair Bolsonaro, a été élu dimanche 28 octobre 2018, président du Brésil avec plus de 55% des voix, devant le candidat de gauche Fernando Haddad (45%). Les minorités LGBT du pays craignent une forte dégradation de leurs conditions de vie face à un président ouvertement LGBTphobe.
Comme un coup de poing en pleine figure. La victoire de Jair Bolsonaro fait craindre des lendemains noirs aux minorités du Brésil. La liste des Brésiliens qui ont de quoi être inquiets de l'avenir après les déclarations agressives du président élu, est longue. Celui qui dit vouloir gouverner « pour la majorité, pas pour la minorité » a dans sa ligne de mire, pêle-mêle : les Noirs, les femmes, les membres de la communauté LGBT, mais aussi les militants de gauche, les Indiens, les membres du mouvement paysan des sans-terre (MST) et d'ONG, les défenseurs de l'environnement et les journalistes.
La situation est grave. Candidat, Jair Bolsonaro a enchaîné les sorties homophobes et n'a pas hésité a user de fake news pour stigmatiser les membres de la communauté LGBT du Brésil.
Vague d'agressions LGBTphobes
En 2017, 445 homicides contre la communauté LGBT ont été recensés au Brésil par le groupe Gay da Bahia. Selon de nombreux spécialistes, ces crimes ne feront qu’augmenter, fortement encouragés par le discours du nouveau président.
Une vague d'agressions LGBTphobes s'est déjà abattue entre le premier et le second tour de la présidentielle. Selon nos confrères du journal Le Monde, les toilettes de filles du collège franco-brésilien de Rio de Janero ont été taguées « Sapatas vao morrer. Kkkk » (« A mort les gouines. Ah ah ah »).
À Curitiba, un coiffeur homosexuel a été frappé à mort et lors de l'annonce de son décès, le principal suspect aurait crié « Vive Bolsonaro ». À Sao Paulo, après l’annonce des résultats du premier tour, des hommes auraient crié depuis une voiture : « Gouine immonde, fille de p… Maintenant il y aura des subventions pour que tu te fasses soigner. »
Président ouvertement homophobe
Le programme officiel de Jair Bolsonaro ne mentionne à aucun moment les droits LGBT. Pourtant, le candidat, alors député, a défrayé la chronique avec des déclarations homophobes. En 2010, dans un débat télévisé, il s'est dit favorable à des « punitions physiques » comme « cure » pour les homosexuels. En 2011, dans un entretien donné au magazine Playboy, le parlementaire a affirmé sans ciller qu’il préférerait que son fils « meure dans un accident de voiture » plutôt que de le savoir homosexuel.
Il a récidivé en 2014, dans une interview donnée au journal El País, dans laquelle il a clamé haut et fort que « les homosexuels veulent être des victimes », rajoutant que de nombreux homosexuels sont tués « dans des lieux de prostitution ou par surdose ».
Pourtant, ces dernières semaines, il a nuancé son discours, s'affichant avec des personnes homosexuelles. « Les homosexuels seront heureux si je suis président », a-t-il affirmé début octobre à une radio du nord-est du pays. « Nous allons faire un gouvernement pour tout le monde. Y compris pour les gays, d'autant plus qu'il y a des gays qui sont aussi des parents », a-t-il renchéri. Des propos, bien évidemment tenus à la veille du second tour.
Selon l'association Gay Da Bahia, une personne LGBT est assassinée toutes les 25 heures au Brésil.
Crédit photo : Elza Fiuza / ABr.