Face à la recrudescence des agressions homophobes en France, près de 70 personnalités, dont Laura Smet, Christiane Taubira ou Vincent Dedienne, se mobilisent en chanson avec l'association Urgence homophobie. Le résultat est un morceau puissant, "De l'Amour", dont on vous dévoile en exclusivité le clip ce mercredi 19 décembre. TÊTU a assisté au tournage.
"De l'amour, de l'amour, de l'amour..." Les mots résonnent à tous les étages de ce vaste parking du centre de Paris. C'est ici que, depuis trois jours, se tourne le clip de la chanson du même nom. Un titre important, en réponse à la recrudescence des agressions homophobes de ces derniers mois.
"Mais de l'amour de quoi déjà ?", s'amuse l'actrice Muriel Robin, adossée contre un pilier en béton, provoquant quelques éclats de rire au sein de l'équipe technique. Autour d'elle et de son partenaire, Christophe Willem, sont disposées plusieurs écrans, des spots lumineux et un canon à fumée. "Ça va être beau hein ?", nous glisse à l'oreille Patxi, l'auteur de la chanson, avant d'être coupé par le réalisateur Benoît Pétré.
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"J'ai oubliés les paroles"
"Allez on s'y remet s'il vous plaît", lance-t-il. Pas de quoi calmer les rires pour autant. "Tristesse, agression, malheur", grince-t-il à nouveau, pensant ainsi calmer les ricanements. "J'ai oublié les paroles", glisse alors Robin dans un petit rictus. L'actrice, habillée d'un long manteau à carreaux vichy, fait partie des dizaines de personnalités qui ont accepté de participer, bénévolement, à ce projet.
Parmi elles, on retrouve notamment l'ancienne ministre de la Justice Christiane Taubira, le chanteur Emmanuel Moire, les présentateurs et présentatrice de TV Elise Lucet et Christophe Beaugrand ou encore l'acteur Pierre Deladonchamps.
"Chacun doit vivre comme il l'entend"
Mais si l'ambiance sur le tournage est bon enfant, le sujet, lui, est grave. "Le message est qu'il faut que chacun et chacune puisse vivre comme il l'entend, explique à TÊTU le président de Urgence homophobie, Guillaume Mélanie. "Le fait que l'on se montre réveille de vieilles pulsions homophobes chez certains. Mais il va falloir qu'ils s'habituent, parce qu'on sera toujours sur le chemin."
Retour sur le plateau où Laura Smet vient d'arriver. Dès son entrée, elle file dans le petit studio installé au rez-de-chaussée de cet ancien garage Renault. C'est là qu'elle enregistre son texte, très court. Elle n'a qu'une phrase dans la chanson, pour ne pas dire quelques mots : "Mon pays". Rendez-vous ensuite au maquillage avant le tournage de sa scène.
On lui demande de garder le visage dur, à l'image du clip qui entremêle des scènes de violences et des scènes d’amour. On voit par exemple une femme trans' se faire cracher au visage ou un homme gay, visage tuméfié, se faire tabasser.
On retrouve même un cortège de La manif pour tous dans la séquence. "Ce mouvement a sa part de responsabilité dans les actes homophobes, lance Guillaume Mélanie, président d'Urgence homophobie. C'était important de les montrer pour les dénoncer."
Un message positif avant tout
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Pour autant, Guillaume Mélanie l'assure, le message est "positif". En témoignent les dizaines de couples de femmes en train de s'embrasser ou les deux hommes dansant torses nus. "La chanson raconte l'histoire du premier réfugié tchétchenne que nous avons reçu en France. Il nous a dit, 'c'est pas possible ce monde, pourquoi n'y a-t-il pas que de l'amour, de l'amour'. J'ai regardé Patxi et je lui ai dit 'voilà, c'est ça la chanson'.
Et de conclure : "Il faut qu'on rabâche aux gens de l'amour jusqu'à ce que ça leur rentre dans la tête". Le clip doit être diffusé sur la plupart des chaînes de télévision, à la radio et sur les réseaux sociaux. Un bon moyen de faire passer le message.
Crédits photos : Clément Duquenne/Mona Boitière.