Les 5 bonnes résolutions queer qu'on ne tiendra pas en 2019

Par Marion Chatelin le 01/01/2019
Résolutions

Qui dit nouvelle année dit bonnes résolutions. Chez TÊTU, on sait qu'elles sont un peu comme un mythe. On ne les tient que très rarement, voire jamais. Alors, pour vous épargner toute liste inutile, on vous a sélectionné cinq résolutions forcément queer et quasi impossibles à tenir en 2019 !

2019 ne déroge pas à la règle. On commence par dresser le bilan de l'année passée. Et puis on note consciencieusement dans un carnet, acheté spécialement pour l'occasion, toute une liste de résolutions qu'on espère tenir. On y croit dur comme fer sur le moment, même si une petite voix nous informe que, comme d'habitude, on ne les tiendra pas. Et c'est tant mieux. Voici cinq résolutions queer qu'on vous met au défi d'appliquer.

1. Désinstaller les applications de dating

Grindr, Tindr, Hornet... Ces applications aux millions d'utilisateurs/trices dans le monde seraient sources de mauvaise humeur et de stress. Surtout, elles accentuent le sentiment de solitude. 

Selon une enquête publiée au début de cette année, 77% des personnes qui utilisent Grindr déclarent être tristes après avoir consulté l'application de dating gay. Les utilisateurs seraient ainsi plus malheureux après avoir fermé l'application qu'après avoir fini une partie de Candy Crush ou scrollé sur Instagram. Quant à Tinder, elle impacterait le moral d'une moitié de ses utilisateurs. 

Alors, voici un petit guide pour les désinstaller en toute simplicité :

Si vous êtes détenteur d'un Iphone et abonné à Grindr, il vous suffira d'ouvrir l'App store, d'aller sur l'onglet "Abonnements aux applications gérées à Grindr Xtra" et de régler le renouveau automatique sur "OFF". Ensuite, il s'agira de supprimer votre profil sur Grindr en cliquant sur le menu en haut à droite, puis sélectionner "Settings", "Privacy" et enfin appuyer sur "Delete Profile".

Pour supprimer Tinder, rien de plus simple, il faut aller dans le menu paramètres de l'application et cliquer sur "réglages de l'application", puis appuyez sur "supprimer le compte". Tout comme pour Grindr, si vous utilisez la fonction "Tinder Plus", il faudra procéder à votre désinscription à l'aide de l'email de confirmation reçu lors du téléchargement.

A priori et selon le guide, rien de plus facile. Mais cela peut demander un courage énorme pour certain.e.s, tellement nos habitudes de dating sont liées aux applications de rencontres. On prend les paris ?

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2. Adopter la digue dentaire / Mettre un préservatif lors d'une fellation 

Parmi les gestes de prévention à adopter, certains sont parfois totalement mis au placard. Ils peuvent donc faire partie des résolutions qu'on ne tiendra tout simplement jamais. Et pourtant...

Il y a déjà deux ans, TÊTU dressait le constat suivant : « Sucer avec capote, presque personne ne le fait ». Pourtant, le préservatif est quand même conseillée à titre préventif. Saviez-vous que même si la salive n’est pas contaminante, une transmission du VIH lors d’une fellation pratiquée sur une personne séropositive est quand même possible ?

Le risque est plus élevé si la personne séropositive est en période de primo-infection, c’est-à-dire lorsque le VIH se réplique très rapidement et que les premiers symptômes ne sont pas forcément apparus, et que son ou sa partenaire a des lésions dans la bouche.

D’autres maladies sexuellement transmissibles comme la syphilis, l’hépatite B ou les gonorrhées peuvent se transmettre lors de fellation pratiquée sans préservatif. Sachez que les capotes non lubrifiées sont par ailleurs davantage conseillées pour la fellation.

https://gph.is/2A7jX3f

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Il y a un pendant à la fellation avec préservatif pour les lesbiennes : c’est l’utilisation de la digue dentaire lors des cunnilingus. Qui aurait envie de sortir un carré de latex ou de polyuréthane pour empêcher le contact buccal lors des pratiques orales ? Avouons-le, l’objet n’est pas forcément sexy. Et à ce jour, très peu de lesbiennes l’utilisent. Il n'y a certes pas d'études sur le sujet, mais TÊTU n'est pas le seul média à confirmer cette légende urbaine. 

Et pourtant. Ô combien efficace, la digue dentaire permet de se protéger contre certaines infections. Si vous voulez vous en procurer il suffit d’aller en acheter en pharmacie ou de sortir dans les soirées lesbiennes, où certaines associations comme FièrEs en donnent gratuitement (vous n’avez plus d’excuses !).

Utiliser la digue dentaire est un exemple typique de très bonne résolution, qu’un nombre infinitésimal - autant dire proche du néant - de lesbiennes tiendront !

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3. Tenter d'éduquer ton oncle homophobe-raciste-misogyne

Une fois de plus, lors du dîner de Noël, ou tout simplement lors du fameux repas du dimanche en famille, des débats vont avoir lieu. Avec eux, des portes qui claquent, des disputes et des personnes queer parfois pointées du doigt pour leurs opinions politiques, ou tout simplement pour qui elles sont. 

Très souvent, les LGBT+ peuvent être tentés de prendre part au débat. Parce que les mots prononcés sont insupportables et insultants. Mais certain.e.s n'osent pas le faire. Et peuvent très bien se dire qu'il n'y aura plus de silence gêné en 2019.

Alors, si jamais vous décidez de tenter l’expérience pour renvoyer Tonton Claude dans ses cordes, vous trouverez de très bons arguments ici.

Pas d'autoflagellation si vous ne tenez pas la résolution. Au contraire ! Personne n’a à endosser le rôle de fervent défenseur de sa cause. C'est fatiguant psychologiquement. Et l'oncle peut décider de crier plus fort que le reste de la tablée. Le père peut couper court à la conversation en hurlant que « c’est (lui) le chef, ici ! ». 

Le seul conseil qu’on vous donne dans ce cas, c’est de ne pas rester seul.e.s. Après un (trop) long repas passé à regarder dans le vide en se chantant du Yelle à tue-tête (oui oui, c'est possible). Prenez l'air et profitez-en pour appeler un.e ami.e queer pour vous détendre. 

4. Ne plus se faire du mal sur les réseaux sociaux

Attention aux réseaux sociaux ! Selon une étude de l'université de Pennsylvanie aux États-Unis, publiée en novembre dernier, il y a bien un lien de causalité entre l'utilisation de Facebook, Snapchat et Instagram et la diminution du bien-être dans le monde. Isolement, sentiment de solitude, problème d'image corporelle et anxiété, les réseaux sociaux peuvent s'avérer dangereux.

Chez les 18-24 ans par exemple, Instagram arrive sur la première marche du podium de l'auto-dépréciation, selon une étude britannique menée conjointement par la Société royale de santé publique (RSPH) et le Mouvement de santé pour la jeunesse (YHM) et publiée en 2017.

Alors oui, c'est sympa de suivre sur Instagram des comptes comme celui de l'espagnol Alfonso Herrero et ses photos ultra travaillées en costume, sur la plage avec son boyfriend, ou tout sourire avec son chien... C'est rafraîchissant de scroller sur le compte du couple français Nick and Pierre, qui n'hésite pas à mettre en scène leur amour.

https://www.instagram.com/p/BpDLyBmAZ_C/?utm_source=ig_web_copy_link

Mais il est peut-être temps de se dire "en 2019, fini Instagram". D'arrêter de regarder Ellen Page et sa chérie se faire des câlins avec le chien au milieu du lit. Se désabonner du compte "Oh.mamiblue", aussi. Pour ne plus voir cette famille espagnole parfaitement parfaite, faire des vacances en van, partir au ski, ou jouer en pyjama le dimanche matin.

Et si, là encore, on ne tient pas cette résolution, pas de panique. On peut tout simplement aller suivre des comptes comme "Tasteofstreep" qui nous offre des photomontages psychédéliques de Meryl Streep et d'aliments. Ou pour avoir sa dose de mème, aller jeter un oeil sur "Safelymeme". Sans oublier de faire un tour sur "Satisfylife" pour avoir son lot de "vidéos satisfaisantes".

5. Mettre de côté... pour une PMA ou une GPA 

C’est l’une des résolutions phare de chaque année. Mettre de cô-té ! Et nous avons, ou nous pourrons malheureusement avoir d’ici quelques années, toutes et tous une très bonne raison de le faire. Économiser pour avoir des enfants ! 

Tant que la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA) ne seront pas légalisées pour tout le monde en France, les couples homosexuels devront réaliser des économies d’ampleur pour pouvoir mettre en oeuvre leur projet parental. Comptez 100 000 euros pour une GPA réalisée aux États-Unis. Et pour les couples lesbiens, la tentative de PMA en Espagne coûte par exemple 1.000 euros

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La PMA devait initialement être examinée au Parlement en début d'année 2019, mais sera finalement repoussée à l'été prochain. Espérons donc ne pas avoir à prendre une telle résolution en 2020.

 

Crédit photo : Jeff Krause/CC/Flickr - montage TÊTU.