coming outComment réussir son coming-out au travail ?

Par Camille Chrétien le 22/04/2019
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Être out au travail, pour la majorité des personnes LGBT+, ce n'est toujours pas une évidence. Mode d'emploi pour réussir sa sortie du placard.

Pause café de 10h30. Autour de la machine, les collègues d'Axel n'ont qu'un seul sujet en tête : la planification des vacances d'été. Les premiers rayons de soleil printaniers qui filtrent dans l'open-space ont eu raison de leur envie de travailler.

C'est Patrick, le chef de service qui lance la conversation : "Pour cet été, on pense à la Grèce avec ma femme". Il n'en faut pas plus pour que la discussion s'engage : "Avec François, on aimerait emmener les enfants en Sardaigne", "Nous on va chez ma mère en Bretagne", "Cette année c'est vacances sans prise de tête : on loue un gîte entre amis dans la Drôme"… Axel reste en retrait.

Bien sûr, lui aussi a des plans pour les vacances. Mais il ne veut pas qu'on lui demande avec qui il part. Au travail, personne ne sait qu'il est gay. Ça fait plusieurs semaines qu'il hésite à parler de son copain, au détour d'une conversation. Mais il ne sait pas comment faire.

Prendre la température

Axel est loin d'être le seul dans cette situation : "les deux tiers des personnes LGBT+ n'ont pas fait leur coming-out au travail", explique à TÊTU Catherine Tripon, porte-parole de l’association LGBT L’Autre cercle. Pour elle, c’est avant tout une question de préparation : "On ne décide pas de faire son coming-out sur un coup de tête. Il faut prendre la température de l’entreprise". 

Première chose à repérer, donc : les blagues graveleuses et les propos sexistes. "Là où il y a du machisme, il y a des LGBTphobies. Ça va de pair", observe Catherine Tripon. Il faut aussi regarder si l'entreprise met en place une politique active de diversité. "Est-ce que des journées de sensibilisation sont organisées autour de la diversité dans le monde de l'entreprise ? Ce sont des détails auxquels on peut faire attention."

Aucun nuage à l'horizon ? Go ! C'est ce qu'a fait Clément, 28 ans, animateur en milieu rural, et il ne le regrette pas. "Dès mon arrivée au centre de loisirs, j’ai toujours été clair sur mon orientation sexuelle. Tout le monde est d'ailleurs au courant de notre projet d’adopter un enfant avec mon mari, et tous sont à l’écoute et nous soutiennent dans nos démarches", confie-t-il à TÊTU.

Repérer ses alliés

Si on ne se sent pas de l'annoncer à tout le monde tout de suite, "on peut choisir de le dire à seulement quelques collègues en qui on a confiance. Pour voir comment ça se passe", conseille Catherine Tripon. Pour cela, il est important de repérer ses alliés : ceux qui ne font pas de "blagues lourdes" (comprendre : sexistes et/ou homophobes) à la cantine. Et ceux qui pourront vous épauler en cas de problème.

Choisir son moment et ses mots

Parfois, ça nous démange. À force d’entendre les propos de comptoir de Jean-Mi à la machine à café à chaque débat sur la PMA, l’envie de sortir brusquement du placard peut se faire de plus en plus pressante. Mais c'est une mauvaise solution pour Catherine Tripon : "Il ne faut pas annoncer ça d'un coup, surtout si personne ne contredit ses propos. Il faut penser à soi et ne pas se mettre en danger."

La meilleure solution : le glisser naturellement dans la conversation. "Quand les collègues font un pot pour leur mariage par exemple, ça peut être un bon moment pour entamer la discussion."

Fabrice, 42 ans, responsable des ressources humaines, choisit d'aborder le sujet dès qu'il en a l'occasion. "Je me présente aux différentes équipes de mon entreprise, et j'évoque systématiquement 'mon compagnon' dans ma présentation, afin que le message soit clair."

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En parler avec les ressources humaines

Dans le cas d'un coming-out transgenre, informer un responsable des ressources humaines peut faciliter les choses. "Ce sera l'occasion de sensibiliser les collègues et la hiérarchie sur de nombreuses questions", explique Catherine Tripon. Une manière d'éviter, par exemple, les maladresses autour du prénom d'usage ou du changement de pronom utilisé.

"La grande majorité des coming-out bien préparés se passent très bien, explique Catherine Tripon. Les nouvelles générations sont hyper à l'aise avec leur orientation sexuelle, elles ont pris l'habitude de s'afficher partout avec leur conjoint ou conjointe sans que ça pose de problème. "Les ressources humaines doivent maintenant s'assurer que le climat de l'entreprise est propice à tous. Ce sont les petits gestes du quotidien qui instaurent un espace plus sain."

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