Marche des fiertésMot d'ordre, canicule... : l'Inter-LGBT répond aux critiques sur la Marche des Fiertés

Par Youen Tanguy le 28/06/2019
marche des fiertés

Ce samedi 29 juin se tiendra la 41e édition de la Marche des Fiertés parisienne. Nous avons rencontré pour l'occasion la porte parole de l'Inter-LGBT, Clémence Zamora-Cruz.

La 41e édition de la Marche des Fiertés se tiendra ce samedi 29 juin. L'Inter-LGBT, qui organise l'évènement, attend autour de 500.000 personnes pour cette grande manifestation annuelle qui s'élancera de Montparnasse à 14h avec une arrivée prévue à 16h30 Place de la République, sous un soleil de plomb (36° attendus). C'est sur cette même place que se produiront dans la soirée différents artistes, dont Bilal Hassani et Léonie Pernet.

Le mot d'ordre de cette année, "Filiation, PMA : marre des lois a minima", renvoie à l'annonce du Premier ministre Edouard Philippe qui a promis, le 12 juin, que l'extension de la PMA à toutes les femmes serait actée dans le projet de loi de bioéthique présenté en juillet avant un examen au Parlement fin septembre.

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Un mot d'ordre critiqué par plusieurs militants LGBT+, le jugeant trop gentillet. A l'occasion de la conférence de presse de la Marche, nous avons posé quelques questions à la porte-parole de l'Inter-LGBT, Clémence Zamora-Cruz.

TÊTU : Le département de Paris devrait être en vigilance orange samedi à cause des fortes chaleurs. Avez-vous prévu un dispositif particulier ?

Clémence Zamora-Cruz : Nous allons mettre en place un dispositif exceptionnel en partenariat avec l'Agence régionale de santé et la Ville. Eau de Paris affrètera deux camions-citerne d’une capacité de 30 m3, de nombreux points d'eau et brumisateurs seront installés sur le parcours et une citerne sera également implantée place de la République. 300 bénévoles de l’Inter-LGBT se trouveront en plus dans le cortège pour repérer des éventuels malaises et se mobiliser pour leur porter secours tout de suite le cas échéant. Enfin, on appelle les participant.e.s e à porter des casquettes, à prendre de l’eau avec eux et à mettre de la crème solaire.

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Quelles sont les nouveautés de la Marche cette année ?

Pour la première fois, on met en place un dispositif de sensibilisation au consentement. On sait très bien que les mouvements de foule sont propices à ce que les gens se 'lâchent' et qu’il aient des propos ou des gestes inappropriés à l’encontre des femmes ou des personnes trans’ par exemple. Cette année, on mettra également l'accent sur la visibilité et la place des minorités dans les minorités. C'est d'ailleurs un collectif de femmes qui ouvrira la Marche cette année : "Goudou.e.s sur Roues", composé de femmes, cisgenres ou transgenres, de lesbiennes, de personnes intersexes...

"On est critiqué sur le mot d’ordre chaque année"

Comme l'an dernier, le mot d'ordre de la Marche a été critiqué par des internautes et des militants LGBT+. Que répondez-vous ?

On est critiqué sur le mot d’ordre chaque année. Il n'est jamais assez bien. Mais c’est compréhensible, car les attentes sont énormes par rapport à nos droits. Mais dans ce contexte de critiques, on essaye de faire la pédagogie. On ne marche pas que pour soi, on marche pour l’ensemble de la communauté, en s’inscrivant dans l'héritage des luttes LGBT.

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L'affiche aussi a été très critiquée...

Je ne sais pas si les gens ont pris conscience du message que cette affiche renvoyait. C’est une balance totalement déséquilibrée qui représente la justice. D’un côté, c’est un code civil qui écrase un nounours, montrant bien qu'il ne reconnait pas les familles LGBT. Pire, qu'il les violente. Et de l’autre côté ce sont les personnes LGBT+ qui ne pèsent pas grand chose dans la balance....

"La marche de Paris n’est pas une manifestation commerciale"

Le projet de loi bioéthique, porté par le gouvernement, a été vivement critiquée pendant la conférence de presse. Dans le même temps, un char de La République en marche (en fait les Jeunes Avec Macron, NDLR) se trouvera dans le cortège. N'est-ce pas antinomique ?

C’est un très bonne question (moment de gêne, NDLR). La marche est ouverte à tout le monde. Les seules personnes avec qui on s’interdit de discuter sont celles qui ne rentrent pas dans le cadre républicain et notamment l’extrême droite. En clair, nous n'accepterons pas un mouvement qui diffuse des messages de haine envers les LGBT ou d'autres communautés. Il serait par exemple inimaginable qu’il y ait un char du Rassemblement National ou d’autres mouvements d’extrême droite à la Marche. Donc oui, on peut critiquer la présence de LREM, mais je pense que c’est plutôt à eux qu’il faudrait poser la question. Comment se sentent-ils dans cette Marche alors qu’il y a une contestation envers le gouvernement par rapport à l’avancée des droits des personnes LGBT+ ?

MasterCard sera partenaire de la Marche des Fiertés cette année, mais on a le sentiment qu'il y a moins de marques que l'an dernier. Pourquoi ?

La Marche de Paris n’est pas une manifestation commerciale. Parfois, des marques viennent défiler avec nous, mais ça n’est pas un automatisme. Pour être partenaire, il faut répondre à un long questionnaire, ensuite soumis au vote des 67 associations. oOn regarde toujours ce que font les entreprises en matière de lutte contre les LGBTphobies et pour les droits en interne et en externe pour éviter le 'pinkwashing'.

Début juin s'est tenue pour la première fois une Marche des Fiertés à Saint-Denis sous le signe de "l’intersectionnalité". Qu'en retenez-vous ?

On porte nous aussi ces questions-là (de cumul des discriminations, ndlr) depuis un certain temps. Par exemple, beaucoup de gens ne savent pas qu’il y a un groupe de personnes racisées en non-mixité à l’intérieur de l’Inter-LGBT. Mais évidemment, nous soutenons les marches dans leur ensemble, y compris celles qui se placent parfois en concurrence ou en opposition à la Marche de Paris. Ce qui est important, c’est de visibiliser tous les sujets LGBT+. Dans ce contexte, on encourage évidemment la Marche de Saint-Denis, comme nous avions encouragé la Marche de Nuit il y a quelques années. 

https://www.youtube.com/watch?v=p5uTrQAjhp4

Article mis à jour le vendredi 28 juin à 18h42

Crédit photo : Olivier Ortelpa/Flickr.