"Vita et Virginia" met en scène la romance lesbienne entre Vita Sackwille-West et Virginia Woolf, au début du siècle dernier. Grâce à ses actrices au charisme pop, et une réalisatrice qui évite l'écueil du biopic académique, le film fait mouche.
Après La Favorite et sa méchanceté ravageuse, Vita et Virginia, en salle ce mercredi 10 juillet, confirme que les histoires d’amour entre femmes bousculent pour le meilleur les codes du cinéma en costume. Comme si, en subvertissant les règles, les genres et la morale de leur époque, ces héroïnes nous obligeaient à les regarder de travers, à ne pas les figer dans l’Histoire.
Icônes lesbiennes
Femme de lettres, femme engagée, femme libre avant tout, Vita Sackwille- West (Gemma Arterton) incarne ainsi dès les années 1920 un modèle de féminisme. Son coup de foudre pour Virginia Woolf, malgré leurs mariages respectifs et la relation houleuse qui s’en suit, a marqué l’histoire de la littérature, transformant ainsi les deux femmes en icônes lesbiennes.
On aurait pu craindre une reconstitution ampoulée et compassée pour un récit édifiant made in BBC. Heureusement, la réalisatrice Chanya Button privilégie ici le décalage intemporel, la suspension pop et élégante pour saisir la force contestataire de ses deux héroïnes.
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Des femmes qui luttent
Pas besoin de surjouer la connivence contemporaine avec tubes à la mode ou baskets Converse façon Sofia Coppola pour faire décoller ces deux femmes libres de leur époque. Il suffit de les regarder non plus comme des mythes, des icônes, mais bel et bien comme des femmes qui luttent pour s’affirmer.
Ainsi, Virginia Woolf n’est plus la caricature apathique et névrosée que l’histoire a faite d’elle, mais, sous les traits délicats et justes d’Elizabeth Debicki, une femme en marge, lunaire et solaire à la fois, très séduisante. Par de petits effets de cinéma, de subtils décalages, par la modernité de ces actrices et leur charisme pop, cette histoire d’amour et de création n’appartient plus au passé. C’est tout le charme mystérieux et la réussite de ce beau film au romantisme vivace et littéraire.
Cette chronique est extraite du numéro 219 de TÊTU, toujours disponible en kiosque !
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