Gay PrideEnquêtes ouvertes après deux agressions LGBTphobes en marge de la Pride de Marseille

Par Youen Tanguy le 11/07/2019
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[INFO TÊTU] Le parquet de Marseille a ouvert deux enquêtes après que deux femmes ont été agressées en marge de la Marche des fiertés le 6 juillet dernier.

La Marche des Fiertés est un moment pour visibiliser toutes les fiertés. C'est aussi parfois un moment de violences. Camille en a fait les frais le 6 juillet dernier. "J'ai passé la journée de samedi dans la Pride de Marseille, nous explique cette jeune femme transgenre de 25 ans. Tout se passait très bien, c'était cool, festif et amusant. Quelques personnes nous ont lancé des œufs de leur balcon, mais rien de très grave."

Les choses ont dégénéré lorsqu'elle s'est rendue au parc Longchamps, aux alentours de 19h, où elle devait continuer la soirée. "J'étais seule à ce moment-là et j'allais rejoindre mes ami.e.s, nous explique-t-elle. Un mec est venu me dire bonjour et m'a peloté les seins, comme ça, sans mon consentement. Je lui ai dit d'arrêter, mais il a recommencé en me disant qu'il l'avait fait à tout le monde". Et Camille d'ajouter : "Il a essayé de se justifier, mais il ne comprenait pas où était le mal. Ensuite, il a commencé à me mégenrer en me disant que ça n'était pas grave de se faire ça entre mecs". 

Camille, en larmes et sous le choc, est alors prise en charge par la Croix Rouge et un membre de la direction de la Pride de Marseille. Selon ses dires, son agresseur présumé a été retrouvé dans le parc et interpellé par la sécurité de la Pride qui a pris en photo ses papiers d'identité avant de le laisser partir vers 23h. La jeune femme nous assure que les policiers, contactés, ne sont jamais venus, "car ils étaient occupés avec une autre histoire dans le quartier Nord de Marseille".

Une deuxième agression devant un bar lesbien

Presque à la même heure, une autre agression avait lieu rue Saint-Pierre. "Il devait être 19h45 ou 20h quand c'est arrivé", nous explique Aurélie, témoin de la scène et membre du Conseil administratif du bar associatif lesbien 'AUX 3G'. Le bar était encore fermé mais nous étions trois femmes en terrasse, dont une en fauteuil roulant."

Soudainement, un homme aurait jeté une "cartouche explosive" sur la femme en fauteuil roulant. "Ça a explosé sur elle, au niveau de son ventre", explique Aurélie qui s'est blessée aux mains en voulant la récupérer pour la jeter au sol, confirmant une information du journaliste Aziz Zemouri. Comme nous avons pu le constater sur une photographie, la jeune femme a effectivement été légèrement blessée au ventre.

Nous avons tenté de joindre à plusieurs reprises la victime présumée, sans qu'elle n'ait encore répondu à nos sollicitations ce mercredi 10 juillet à 18h50.

Pour Aurélie, qui envisage également de porter plainte au nom de l'association, le caractère lesbophobe ne fait aucun doute. "Ça fait sept mois que je suis membre du Conseil administratif des 3G et ça fait au moins sept fois que cet homme nous jette de la javel, du liquide vaisselle ou des excréments, soupire-t-elle. Ce n'est jamais tombé sur personne mais ça reste humiliant. Là, il a visé une personne en fauteuil roulant. C'est grave."

Enquêtes ouvertes

Contacté par TÊTU, le parquet confirme l'ouverture de deux enquêtes, l'une pour "agression sexuelle à raison de l’orientation ou l’identité de genre de la victime" et l'autre pour "violences volontaires à caractère homophobe." "Ces deux enquêtes n’ont pas donné lieu à ce stade à des interpellations", a précisé le parquet de Marseille ce mercredi 10 juillet.

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Selon Aurélie, la femme agressée "AUX 3G" aurait déposé plainte lundi. Même chose pour Camille qui s'est rendue dans un commissariat marseillais. "J'ai été très bien accueillie et on ne m'a pas du tout mégenrée", détaille-t-elle.

Aujourd'hui, elle dit aller mieux. "J’ai eu la chance d’être entourée de personnes qui m’ont soutenue, explique-t-elle. Je me sens dépossédée de mon corps et ça va prendre du temps pour que ça revienne à la normale. Mais je sais être patiente. Ce n'est pas la première fois que je me fais agresser sexuellement et je sais m’en sortir."

Crédit photo : Instagram laurent_benwa.