Deux députés LREM ont demandé à Marlène Schiappa d'inclure les LGBT+ dans son plan contre les violences conjugales. Ils réclament notamment un "pacte inclusif de mobilisation contre les violences conjugales" pour améliorer la prise en charge des couples de même sexe.
La violence au sein des couples LGBT+ ? "Une réalité complètement occultée dans l'élaboration des plans de mobilisation contre les violences conjugales", écrivent les députés LREM Raphaël Gérard et Laurence Vanceunebrock-Mialon, dans un courrier adressé à la Secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa.
La conséquence, selon les deux députés, c'est "l'invisibilisation des victimes". D'autant plus qu'il existe des formes de violences spécifiques aux couples de personnes de même sexe. "La menace d'outing ou les pressions spécifiques liées au désir d'enfant et à l'absence de reconnaissance officielle de la mère d'intention en cas de parcours de procréation médicalement assistée à l'étranger." Autant de raisons de visibiliser et de prendre en compte les LGBT+ lorsque l'on parle de violences conjugales.
#GrenelleViolencesConjugales: avec @LaurenceVanceu,nous saluons l'initiative de @MarleneSchiappa et plaidons pour un "Pacte inclusif de mobilisation contre les violences conjugales" pour améliorer la prise en charge des femmes lesbiennes et des couples de même sexe. #NousToutes pic.twitter.com/5xkkbo00rW
— Raphaël Gérard (@RaphaelGerard17) July 11, 2019
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Des mesures concrètes
Les députés, très engagés sur les problématiques LGBT+ ont donc proposé sept mesures concrètes à la ministre pour son Grenelle qui se déroulera de septembre à novembre prochain à Matignon.
Au-delà du volet spécifique aux LGBT+ dans le plan contre les violences conjugales, ils souhaitent déployer des campagnes de communication et de sensibilisation. Mais aussi former les forces de l'ordre à ces problématiques, et mettre en place des dispositifs de mise à l'abri spécifiques.
Ils souhaitent également favoriser les partenariats entre les associations féministes et LGBT.
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Les LGBT+, grands absents des statistiques
Véritable angle mort des statistiques, les deux députés soulignent que les violences conjugales sont toujours étudiées sous le prisme des relations hétérosexuelles. Ce que la sociologue Tania Lejbowicz décrit comme un cadre "femme agressée-homme agresseur". Pourtant en 2014, selon l'association AGIR, 11% des gays et des lesbiennes et 20% des bis déclaraient avoir subi des violences conjugales en 2013.
Contacté par TÊTU, le cabinet de Marlène de Schiappa affirme vouloir "apporter des réponses concrètes pour lutter contre toutes les violences conjugales" et "partager totalement la volonté des députés". A l'occasion du Grenelle, "nous souhaitons que soit traité le sujet des violences au sein des couples de même sexe. Aujourd'hui, les études sur ce sujet sont peu nombreuses en France, et les victimes sont souvent démunies face à cette situation", ajoute cette même source.
Dans son numéro 218, TÊTU avait consacré une enquête sur le sujet. L'ex-président de SOS Homophobie, Joël Deumier, avait notamment constaté "une vraie faiblesse des associations françaises et des pouvoirs publics sur le sujet". Selon Mathieu Trachman, sociologue qui s'est intéressé aux violences conjugales au sein des couples d'hommes, l'explication est aussi historique. "Les universitaires qui travaillent sur les homosexualités en France ce sont concentrés sur les questions d'homophobie", et ne se sont pas encore penchés sur les violences conjugales. Jusqu'à quand ?
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