AidesFonds mondial contre le Sida : le dernier appel d'Aides à Emmanuel Macron

Par Samy Laurent le 02/10/2019
AIDES

Ce mercredi 2 octobre, AIDES, a investi le parvis de la Gare de Lyon à Paris afin de rappeler à Emmanuel Macron d'augmenter la contribution financière de la France dans le Fonds Mondial de lutte contre le Sida. Reportage.

"Emmanuel Macron, ne ratez pas le train vers la fin du sida", peut-on lire sur la banderole tenue par les membres de AIDES, sur le parvis de la Gare de Lyon à Paris. Ce mercredi 2 octobre, l'association de lutte contre le VIH et les hépatites a organisé une manifestation devant la fameuse gare parisienne. Une manifestation d’une quinzaine de minutes mais qui porte un message fort. L'objectif : interpeller le président Emmanuel Macron afin qu'il puisse augmenter la contribution de la France dans le Fonds Mondial (The Global Fund).

Pour un meilleur impact, AIDES a aidé à faire passer le message avec un ballon de 7 mètres de haut, en forme de gélule, sur lequel on pouvait lire : "Sida : 16 millions de vies à sauver, E. Macron, RDV le 10 octobre". En effet, le 10 octobre prochain sera une date charnière dans la lutte contre les épidémies. Pour la première fois depuis sa création en janvier 2002, la Conférence de reconstitution du Fonds mondial se tiendra à Lyon, en France.

En tant que Président de la République, Emmanuel Macron sera l'hôte de cette conférence et joue un rôle décisif dans l'avenir de la lutte contre le sida. AIDES attend principalement du chef d'état une augmentation de 25% minimum de la contribution financière de la France au Fonds mondial (soit passer à 450 millions d'euros par an contre 360 millions actuellement). "On attend d'Emmanuel Macron ce qu'il avait notamment mis en avant lors de sa campagne présidentielle, à savoir ajouter 0,7 % du PNB (Produit National Brut, ndlr) à l'aide au développement", déclare Aurélien Beaucamp,  président de l'association AIDES. Le Canada, pays hôte de la dernière conférence (en 2016), avait donné l'exemple en augmentant sa contribution à plus de 20%.

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Un minimum de 14 milliard de dollars

Actuellement, la contribution financière globale s'élève à 4 milliards de dollars chaque année, soit 12 milliards de dollars pour trois ans. Un chiffre encore trop peu élevé pour les pays bénéficiaires qui se confrontent à des épidémies grandissantes chaque année. Pour rappel, 1 million de personnes meurent chaque année du sida et sur 37 millions de personnes séropositives dans le monde, seulement 22 millions d'entre elles ont accès au traitement (soit 59%), et donc bien en dessous de l'objectif de ONUSida pour 2020 établi à 80%.

Aujourd'hui, AIDES réclame une augmentation globale à 4,7 milliard de dollars minimum par an. Chiffre encore bien en deçà des objectifs pour éradiquer l'épidémie d'ici 2030. Néanmoins, Emmanuel Macron a su parler a ses homologues étrangers, notamment lors de son appel à la contribution financière, le 21 juin dernier. L'Allemagne a augmenté sa contribution de 25% (soit 1 milliard pour les 3 ans ce qui équivaut à un peu plus de 330 millions par an). Et comme lui, le Luxembourg, l’Irlande, le Portugal, le Japon, la Suisse, le Canada et le Royaume-Uni ont annoncé des contributions en forte hausse, allant de 5 à 50 %.

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Pas d'augmentation de la France depuis 2016

Pour l'association, la France doit, elle aussi, répondre à cet engagement si ce n'est plus en tant que pays hôte. "La France a la responsabilité pour que la conférence soit un succès. Il faut que la France puisse aussi montrer son leadership en augmentant les contributions et revenir sur la place historique de deuxième contributeur après les Etats-Unis", explique Aurélien Beaucamp.

En 2016, lors du G20 à Hangzhou en Chine, sous François Hollande, la France était le seul pays n'ayant pas revu à la hausse sa contribution financière. Une augmentation de 25% de la contribution française serait donc un "minimum". "Vu l'histoire que la France a en matière de recherche dans la lutte du virus, il faut qu'elle donne davantage car si on atteint pas les 14 milliards qui sont vraiment le strict minimum en terme de lutte contre ces pandémies, on risque d'avoir, justement, une reprise de ces pandémies", précise Aurélien Beaucamp.

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En effet, selon AIDES, pour un terrain véritablement favorable à l'éradication de l'épidemie, une augmentation de la contribution de 40 voire 45% serait nécessaire. "Il y a encore énormément de personnes qui portent le virus sans le savoir", précise Aurélien Beaucamp.  Ce serait en tout cas selon eux le nécessaire pour atteindre rapidement l'objectif de "90-90-90". C'est à dire 90% des personnes vivants avec le VIH connaissent leur statut sérologique, 90% des personnes infectées par le VIH et dépistées reçoivent un traitement antirétroviral durable, et 90 % des personnes recevant ce traitement ont une charge virale indétectable (et ne transmettent pas le VIH).

"Monsieur Macron, rendez-vous à Lyon" ont clamé les militants d'AIDES, en attendant de connaître les intentions du président de la République. Car pour l'instant, aucun indice ne laisse présager qu'il augmente ou maintienne la contribution française...  "On travaille au quotidien avec eux (le gouvernement français, ndlr) mais ils ne nous lâcherons pas l'information avant le 10 octobre", déclare Aurélien Beaucamp. Espérons donc qu'Emmanuel Macron ait reçu les nombreuses cartes postales, déjà timbrées, distribuées aux passants sur le parvis de la gare parisienne.

 

Crédit photo : Samy Laurent / TÊTU