Lola vers la mer raconte l'histoire d'une jeune fille transgenre qui fait face à un père intolérant incarné par l'acteur Benoît Magimel. Rencontre avec son réalisateur Laurent Micheli et la jeune actrice Mya Bollaers.
C'est son premier film. Mais elle crève l'écran. Dans Lola vers la mer, la comédienne belge Mya Bollaers campe une adolescente trans insoumise, aux prises avec un père qui n'accepte pas son identité (Benoît Magimel). Le deuil, celui de la mère de Lola, va réunir ces deux êtres qui ne se comprennent plus mais s'aiment encore.
En confiant ce rôle à une actrice elle-même trans, Laurent Micheli réussit le miracle dont le cinéma, qu'il soit francophone ou hollywoodien, est si souvent incapable : respecter l'identité des personnes transgenres. Ce détail qui compte aurait pu se retourner contre le film s'il n'était qu'une énième coming out story gorgée de pathos. Mais Lola vers la mer est un film généreux et rafraichissant. Poignant et juste. Dur et doux. Engagé et nécessaire. TÊTU a voulu réunir le cinéaste et son actrice pour revenir sur la genèse d'un film dont on n'a pas fini de parler. Jusqu'aux Césars ?
Mya, c’est ton premier film. Jusqu'ici tu n’étais pas actrice et voilà que tu exploses dans Lola vers la mer. Comment as-tu obtenu ce rôle ?
Mya Bollaers : J’ai répondu à une annonce publiée sur les réseaux sociaux. L’équipe de casting cherchait des personnes trans pour interpréter Lola. Je me souviens, c’était un dimanche et je n’avais rien à faire de particulier. Je me suis dit: « Je vais répondre, je n'ai rien à perdre ». La directrice de casting, Karen Hottois, m’a demandée de lui envoyer une video de présentation que j’ai faite dans la foulée. Une dizaine de jours plus tard, elle m’a recontactée. On a organisé une première rencontre à Bruxelles où j’ai vu Laurent pour la première fois.
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Laurent, c’était inenvisageable de confier ce rôle à une actrice cisgenre ?
Laurent Micheli : Inenvisageable ! Pour moi, il n’y avait pas de plan B. C’est pour ça que j’ai commencé le casting bien plus tôt que d’habitude, un an et demi avant le tournage. Je ne savais pas si ça allait être facile ou non de trouver une personne trans ou non-binaire qui serait à même d'incarner Lola. C’est un rôle exigeant et un rôle principal. Quand on le confie à une jeune fille de 18 ans qui n’a jamais joué de sa vie, ça implique un temps de formation et de répétition conséquent. Ce qui est chouette, c’est que j’ai toujours été suivi par mes producteurs. Ils ne m’ont jamais dit « Bon, prends une actrice cisgenre, ça sera plus simple ! »....